Le journal le Réveil du
Nord rapporte l'inauguration du monument aux morts dans son édition
du 23 juillet 1928 :
Les cérémonies d’inauguration
de monuments commémoratifs aux victimes de la guerre prennent dans
les régions qui connurent les affres de la tourmente un caractère
plus imposant. Honorer les morts, tel est d’abord le premier souci et les
associer aux vivants qui ont, en un tour de force, aidé puissamment
à la renaissance des foyers détruits pour lesquels ils ont
donné leur vie. Arleux-en-Gohelle est un des villages qui ont le plus
connu l’enfer de la bataille. Situé au pied de la falaise de Vimy,
sur la formidable ligne de Drocourt-Quéant, placé en plaine,
jadis entouré par la ceinture dorée de champs de blé,
il est devenu presque frontière du pays minier qui bientôt s’étendra
sur son territoire. Nous trouvons cette commune, qui compte plus de six cent
habitants, dont un bon nombre en dehors des occupations de la ferme, vont
aussi à la mine toute proche, comme métamorphosée, tant
elle s’est parée de fleurs et de verdure, décorée de
belles fausses portes dédicacées en l’honneur des étrangers.
La délivrance d’Arleux date du 28 avril 1917. Le communiqué
britannique de Londres, à 22 heures, disait : « un combat
très vif dans lequel nos troupes ont eu l’avantage s’est déroulé
toute la journée, de la Scarpe à la route d’Acheville à
Vimy. Nous avons enlevé Arleux-en-Gohelle et les positions ennemies
sur un front de 3 kilomètres au nord et au sud du village ».
Cette nouvelle était confirmée par un communiqué de
Berlin du lendemain, après des contre-attaques vaines : «
les Anglais espéraient rompre les lignes allemandes près d’Arras.
La bataille s’est terminée par une grave défaite des Anglais
qui ont pénétré dans les villages d’Arleux, Oppy et
Roeux ».
Le village était pris, il ne devait plus retomber entre les mains
ennemies. En retour, chacun eut à cœur de relever les ruines. Animés
de la meilleure bonne volonté, les habitants se mirent à l’œuvre,
la municipalité fit des prodiges, école, église, mairie
sont reconstruites avec goût. Pour marquer une nouvelle date inoubliable
dans l’histoire de la commune, l’inauguration du monument qui consacre la
renaissance du pays fut décidé. Donc, dimanche dernier, 22
juillet, on découvrait le souvenir de pierre où sont gravés
les noms des héros honorés dans ce jour d’allégresse
et de recueillement. Arleux a perdu le meilleur de ses enfants ; sa conduite
dans la souffrance et devant l’ennemi devait lui attirer une citation élogieuse
et la croix de guerre qui fut décernée le 23 septembre 1920.
Plus de trente sociétés de musique, sapeurs-pompiers, anciens
combattants assistèrent aux cérémonies qu’avaient organisées
les anciens combattants sous l’actif impulsion de leur dévoué
président, M. Dubois. M. Auguste Létienne, maire de la commune,
avec son conseil municipal, n’avait pas ménagé leurs efforts
pour assurer la réussite de cette manifestation. Après un défilé
dans les rues du village, l’inauguration du monument eut lieu devant une
nombreuse foule recueillie. Sur l’estrade aménagée on remarquait
: commandant Serre ; le capitaine Vasseur, représentant le préfet
; capitaine Choquet ; MM ; Frémy, conseiller général
; Capron et Scailliéretz, conseillers d’arrondissement ; Auguste Létienne,
maire ; Dubois, président des anciens combattants ; Pentiaux, président
des mutilés, etc.
Des discours ont été prononcés par MM. Dubois, Létienne,
Pentiaux, Scailleretz, Capron, Vasseur et Frémy. Ils furent tous applaudis
par une foule nombreuse. Le beau monument, dû à M. Bétrémieux
d’Hénin-Liétard, vit défiler devant lui parents et
amis, veuves et orphelins qui déposèrent dans un geste de
respect et ayant au cœur une noble pensée, les plus belles fleurs
cueillies dévotement à la mémoire de ceux qui ne sont
plus.
|