Le journal le Réveil du
Nord rapporte l'inauguration de la plaque dans son édition du
lundi 11 mai 1936 :
L’inauguration, à la cathédrale d’Arras,
d’une plaque commémorative aux morts britanniques de la guerre
La cérémonie qui avait été précédée
d’une visite aux cimetières anglais de l’Artois, s’est déroulée
en présence du sous-secrétaire d’Etat anglais à la Guerre,
M. Duff Cooper et de M. Besse, ministre français des Pensions
Plusieurs cérémonies imposantes par leur caractère
patriotique et symbolique se sont déroulées hier, dimanche,
sous le ciel d’Artois. Sur la grande voie sacrée qui mène d’Arras
à Lorette, toute bordée d’arbustes de la génération
d’après guerre, car la nature n’a pas été épargnée
par le cataclysme mondial, les cimetières succèdent aux cimetières
et les monuments de guerre aux monuments. Toute la journée de dimanche
a vu la foule des anciens combattants défiler sur la grande route pour
participer aux diverses manifestations et cérémonies patriotiques
et interalliées.
Visite au monument hindou à Neuve-Chapelle
M. A. Duff Cooper, sous-secrétaire
d’Etat à la guerre, président de la commission impériale
des sépultures militaires britanniques, qui avait débarqué
à Calais et avait visité les cimetières d’Ypres (Belgique)
est arrivé dimanche, vers 11 h. 15, au monument hindou, érigé
à Neuve-Chapelle, au lieu-dit la Bombe.
Le ministre qui était accompagné de son épouse, lady
Diana Cooper, du général Sir Fabian Ware, vice-président
de la commission des sépultures militaires, lady Ware ; le général
Sir George Mac Donocgh, sir Réginald Blomfield, le colonel Oswald,
le capitaine Haworth, Grinham Eli, chef du secteur de la région de
Béthune, fut reçu par M. de Bailly, sous-préfet de Béthune,
ayant à ses côtés MM. Gouillart, secrétaire de
la sous-préfecture ; Cardon, commissaire spécial. Le ministre
anglais visita alors le mémorial et en signa le livre d’or.
A 11 h. 30, le ministre reprenait la route avec sa suite pour se diriger
vers Loos-en-Gohelle et, de là, vers Arras. M. de Bailly l’accompagna
jusqu’à cette ville.
Le matin à Arras, une délégation des sous-officiers
de réserve de Béthune, pilotée par M. Norel, leur président,
vint apporter à la section des sous-officiers de réserve d’Arras
une lampe de mineur dans laquelle de la terre prise sur le sol de Lorette
a été placée pour être transportée par relais
à Verdun. Toutes les sociétés patriotiques d’Arras, coloniaux,
médaillés militaires, anciens de la Ruhr et de Rhénanie,
anciens combattants, associations voisines des sous-officiers de réserve
s’étaient réunies place Terrée-de-Cité pour recevoir
les Béthunois. Un cortège se mit en marche, précédé
de la fanfare du 3 e Génie et des drapeaux des différents
groupements, des sapeurs-pompiers, de la musique des Cheminots, etc.
Le cortège s’arrêta au monument aux morts, devant lequel eut
lieu la remise de la lampe de mineur. Le geste rituel fut accompli par M.
Norel, qui passa l’objet sacré à M. Nordemann, président
des sous-officiers d’Arras. La fanfare du Génie exécuta la
Marseillaise et tous se recueillirent une minute en l’honneur des morts
de la grande guerre.
A midi 15, M. Besse, ministre des Pensions,
accompagné de M. l’intendant général Vincensini, chef
du service des sépultures militaires, du général de
division Scheitznguth, représentant M. le ministre de la Guerre, fut
reçu en gare d’Arras par M. Rochard, préfet du Pas-de-Calais
; le colonel Thiéry, du 3e Génie ; Bouffard, de la confédération
départementale des anciens combattants ; Auléry, chef de zone
au ministère des Pensions ; le vicaire général Maréchal,
chancelier de l’évêché ainsi que par une délégation
britannique de l’IWGC. M. le ministre des Pensions se rendit ensuite en automobile
à l’hôtel de ville qu’il visita ainsi que les deux places d’Arras.
A 14 h. 30 eut lieu une cérémonie commémorative à
la cathédrale d’Arras. Une compagnie d’honneur avec la fanfare du 3e
Génie rendit les honneurs aux représentants des gouvernements
Anglais et Français. A l’entrée de la cathédrale, M.
le vicaire général Maréchal reçut au nom de Mgr
Dutoit, évêque d’Arras, d’abord M. Georges Clarck, ambassadeur
de Grande-Bretagne qui était accompagné d’un officier de la
maison militaire ; puis ce fut M. A. Duff Cooper, sous-secrétaire d’Etat
à la guerre, président de la commission impériale des
sépultures militaires britanniques, et M. Besse, ministre des Pensions.
Parmi les personnalités citons MM. Rochard, préfet du Pas-de-Calais
; Douay, chef de cabinet ; le major général sir Fabian Ware,
sir Réginald Blomfield, le lieutenant-général Georges
Macdonogh, le colonel Oswald, l’amiral sir Morgan Singer, le colonel Robinson,
le baron de Coriolis, l’intendant général Vincensini, le général
Schweitzguth, l’attaché militaire britannique, le consul britannique
Dible, le député de Diesbach, le sénateur Bachelet, Lobbedez,
adjoint au maire ; Pierre Paquet, inspecteur général des monuments
historiques ; de Chavy, directeur ; Roy, ingénieur en chef des mines
de Liévin ; Auléry, chef de zone au ministère des Pensions
; O. Bouchez, président de la chambre de commerce, etc. Le service
d’ordre était sous les ordres de MM. Laforge, commissaire de police
et Rosset, commissaire spécial.
Devant la plaque avait pris place MM. le ministre de la guerre anglais,
M. le ministre des Pensions, M. Rochard, préfet, le colonel Thierry,
M. de Diesbach, député ; l’ambassadeur sir Georges Clarck, le
général Schweitzguth représentant M. le ministre de
la Guerre français, sir Fabian Ware et Pierre Paquet. L’harmonie des
mines de Liévin sous la direction de M. Naninck ouvrit la cérémonie
par l’exécution impeccable de l’Andante de la symphonie inachevée
de Schubert, puis la maîtrise de la cathédrale attaqua Souvenir
aux morts de Paray. M. le vicaire général Maréchal s’adressa
aux hautes personnalités présentes pour leur présenter
les excuses de Mgr Dutoit, évêque et les remercier hautement
de l’honneur fait à la ville d’Arras. « La présence des
deux ministres anglais et français, dit-il, nous réconforte
et nous invite à rester unis dans une même pensée et dans
le culte d’un même idéal. Nous garderons cette plaque du souvenir
que vous nous offrez avec le plus grand respect, avec vénération
». Le ministre britannique Duff Cooper écarté les drapeaux
alliés et laissa apparaître la plaque commémorative posée
à la mémoire d’un million de soldats britanniques tombés
sur le sol français pendant la guerre 1914-1918.
L’assemblée se recueillit une minute puis l’harmonie des mines de
Liévin exécuta l’hymne anglais et l’hymne français. M.
Duff-Cooper prononça ensuite une belle allocution, dont nous extrayons
ce passage : « Je me félicite d’avoir l’occasion, dans cette
belle ville d’Arras, d’ajouter ma voix à celles qui gardent à
jamais vivant la mémoire du million de vies humaines que l’empire britanniques
a donné à la cause des alliés. C’est là un fait
que je n’ai pas besoin de rappeler à vous tous, qui avez connu le
soldat britannique dans votre cité ; c’est aussi un fait qui pour les
générations futures appartient désormais à l’histoire
et que cette tablette rendra à jamais réel ». Il termina
par ces mots : « Je crois pouvoir dire que mes compatriotes n’oublieront
jamais vos attentions délicates envers notre commission, non plus
que celles de vos voisins des départements de la France du Nord, et
je suis certain que vous de votre côté, et que vos enfants,
continuerez à nous montrer la même générosité
pendant de nombreuses années encore, disons, pendant de nombreux siècles
à venir ».
Puis la musique joue la marche Hongroise pendant que les personnalités
disparaissent par la sacristie pour ensuite aller visiter l’admirable musée
du Palais Saint-Vaast. Les deux ministres sont ensuite allés déposer
des fleurs au pied du monument aux morts d’Arras et sur la pierre du souvenir
du cimetière britannique du faubourg d’Amiens. Entre-temps, sir George
Clarck, ambassadeur britannique accompagné de M. le préfet était
allé rendre visite à M. Delansorne, maire, malade, pour lui
remettre la plus haute distinction du gouvernement
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