* Le journal le Réveil
du Nord rapporte dans son édition du 23 avril 1935 les funérailles
de Camille DITTE :
L’adjudant-chef DITTE victime de la catastrophe de Bolobo repose à
Basseux
La terre d’Artois, qui a connu les
affres de la guerre, qui garde dans son sein les centaines de milliers de
victimes d’une épouvantable bataille de quatre années, vient
de s’enrichir d’une nouvelle gloire tombée en plein ciel d’Afrique,
compagnon du gouverneur général Renard, l’adjudant-chef Ditte
a péri dans la catastrophe aérienne de Bolobo. Elevé
à Basseux, près de Beaumetz-les-Loges, où il resta,
pendant la guerre, où il perdit, jeune encore, son père tué
par les obus allemands, où sa mère mourut et fut enterrée
; orphelin, Camille Ditte, qui eut la bonne fortune de goûter à
l’affection dont l’entoura l’une de ses tantes, vient pour la dernière
fois, en quelle douloureuse circonstance, reposer dans ce petit pays qui
l’a vu naître et mourir.
Mourir à 33 ans ! Quel cruel destin ! “ Sa vie fut courte, a
dit le député de Diesbach, un ancien combattant aviateur,
mais la vie ne se compte pas sur la durée, elle ne compte que sur
la richesse des actes accomplis et sur l’exemple qu’elle fournit aux générations
à venir. ”
L’adjudant-chef Ditte l’a bien remplie et comme pour les années
de campagne pour lui elle compte double.
Devant l’église cinq fois centenaire de Basseux, puisqu’elle
a été construite en 1454, devant la mairie-école élevée
en 1850, la foule des habitants parmi lesquels beaucoup d’anciens combattants
qu’on reconnaît à leurs nombreuses décorations, s’est
réunie au milieu des drapeaux des sections de mutilés et anciens
combattants. La cloche de l’église sonne le glas funèbre et,
émue, les personnalités arrivent pour assister à la
cérémonie religieuse.
Voici MM. De Diesbach, député
du Pas-de-Calais ; Camus, conseiller d’arrondissement ; Théry, secrétaire
général de la préfecture ; Cauwet, maire de Basseux
; Allart, président des anciens combattants ; le colonel de réserve
aviateur De Clercq ; le capitaine Tache, les adjudants-chefs Gravelat et
Belmont, l’adjudant Tesson, le sergent Coffrand, de l’entrepôt spécial
de l’armée de l’air n°1 d’Etampes ; l’adjudant-chef pilote Gruyez
; les sergents-chefs Lecomte, de la Touche, Chambon, les sergents Blanc,
Borde, de l’école d’application d’Etampes qui, tout à l’heure,
ont survolé le village de Basseux avec leurs avions légers
et rapides pour saluer une dernière fois leurs glorieux camarades Ditte
; le commandant d’état-major De Groville et de nombreuses autres personnalités.
Dans l’église, trop petite pour contenir toute cette foule recueillie,
une messe fut dite par le curé de Bailleulval. Puis un cortège
se mit en marche vers le monument aux morts de la commune où le nom
du père de l’adjudant-chef Ditte est inscrit comme victime civile.
Le cercueil du héros, recouvert d’un drapeau tricolore, est déposé
devant le monument et une garde d’honneur l’entoure. La foule écoute,
émue, recueillie, les discours prononcés. Le frère
de Camille Ditte est là profondément affligé, près
de lui la tante qui a élevé l’adjudant-chef Ditte pleure à
sanglots ; des femmes près d’elle, ne peuvent retenir leurs larmes.
On entend les discours de M. Cauwet, maire de Basseux, qui apporte l’ultime
salut et l’exposé de la fervente reconnaissance des habitants ; puis
M. Allart, au nom des anciens combattants, qui magnifie l’aviateur tombé
pour la grandeur de la France, et annonce que son nom sera gravé
sur le monument aux morts ; M. Devillers, parle au nom de l’union nationale
des combattants du Pas-de-Calais ; M. De Clercq, colonel aviateur en retraite,
lui succède, suivi de M. Camus, conseiller d’arrondissement, de
M. De Diesbach, député et enfin de M. Théry, secrétaire
général de la préfecture, apporte les condoléances
du gouvernement de la République française.
Puis, le cercueil porté à bras d’homme est transporté
au petit cimetière qui entoure l’église.
La dalle du caveau soulevé, laisse apparaître le cercueil
de M. Ditte père. Celui de son glorieux fils va le rejoindre.
L’adjudant-chef Ditte repose près de son père, tué
par un obus allemand et sa tombe est creusée près de celle
du général Paul-Gaston Dubois, défenseur de Verdun,
commandeur de la Légion d’honneur, Croix de Guerre, blessé
et décédé en 1919.
Tout à l’heure, l’escadrille qui s’est posée sur le terrain
d’aviation d’Arras va survoler le petit et glorieux cimetière où
repose l’adjudant-chef Ditte et va partir au loin vers l’horizon serein
pour accomplir demain sa tâche et sa noble mission.
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