Autorisation préfectorale du 26
juin 1924
Emplacement : Le monument a été élevé dans
l'ancien cimetière désaffecté de la commune près
de l'église, sur l'emplacement de l'ossuaire des morts de la commune
Texte de l'épitaphe :
1914-1918
La commune de Beugny à ses enfants morts pour la France
Marbrier : Gustave Coulon (Arleux, Nord)
Date d'inauguration : Dimanche
24 août 1924
Coût : 10300 francs
(marché de gré à gré du 12 mai 1924)
Descriptif : Monument
en pierre de Soignies de 3,15 m. de haut, surmonté d'un poilu
en fonte bronzée de 2 m.
Le journal Le Pas-de-Calais
Hebdomadaire rapporte l’inauguration du monument aux morts de Beugny
dans son édition du 31 août 1924 :
Journée pieuse, triomphale,
réconfortante ! C’est ainsi que M. le chanoine Vitel qualifiait
la journée du 24 août 1924, celle de l’inauguration du monument
élevé par les habitants de Beugny aux enfants de la commune
morts pour la France. En effet, le beau spectacle offert ce jour par la
gentille localité, théâtre des glorieux combats d’août
et septembre 1914, est vraiment réconfortante à un moment
où des idées déprimantes veulent prendre la place de
celles de Patrie, d’honneur et de religion. Le matin du 24 août, les
rues du village présentaient le plus bel aspect. Les drapeaux flottaient
partout, des guirlandes multicolores, des arcs de triomphe, dressés
avec goût, barraient les rues ; on achevait les préparatifs
pour accueillir dignement les autorités et les sociétés.
* *
Le monument
Le monument est placé au centre du village, sur la route nationale,
dans le cimetière désaffecté et par une pieuse pensée
on l’a élevé sur l’ossuaire des héros tombés
pour la défense du pays. Sur le piédestal sont inscrits les
24 noms glorieux du sous-lieutenant G. Tabary, du maréchal des logis
V. Davion, du sergent Leriche, des caporaux Pueh et Comaiti, de Mayeux O.,
Dupin, Hennebicque, Boniface, J. Tabary, Lejosne, Guilbert, Legrand, P.
Coutant, Caudroit, Gros, A. Dupin, J. Demiautte, Fessier, Lecornet, J. Véret,
J. Benoît, A. Davion, G. Davion. On y a ajouté les noms des
victimes civiles : M. Dehon, F. Coutant, et enfin, on a voulu honorer la
mémoire du sergent Guichard et de ses camarades tombés en 1914
pour la défense de Beugny.
Sur le socle, un poilu en tenue de campagne monte la garde et semble
dire à l’ennemi futur : On ne passe pas !
* *
La cérémonie religieuse
A 10 heures du matin, une messe solennelle
fut chantée pour les victimes de la guerre. L’église était
magnifiquement décorée et l’assistance fut telle que beaucoup
de fidèle durent rester hors de l’église.
Après l’évangile, M. la chanoine Fournier, aumônier
de l’institution des aveugles et souds-muets d’Arras, remplaçant
M. l’archiprêtre, empêché, rappela la vaillance des
héros tombés pour la patrie, exalte leur sacrifice et engage
vivement les assistants à garder leur souvenir, à ne pas
oublier la grande leçon de la guerre. Il s’éleva contre les
idées de pacifisme à outrance et d’abandon, qui sont une suprême
injure à la mémoire des héros. Des chants très
bien exécutés par le chœur, firent impression sur l’assistance,
surtout le beau cantique à la Vierge des Douleurs.
A l’issue de la messe, sous une pluie
battante, M. le chanoine Fournier bénit le monument, puis après
le De Profundis et une nouvelle audition du cantique, une palme
fut déposée au pied du socle, et une autre au cimetière
anglais.
* *
L’inauguration
A 14 heures, M. Goubet, le sympathique maire ; M. Rolas, le distingué
président des anciens combattants, un brave capitaine de la grande
guerre ; le conseil municipal et le comité d’organisation du monument
reçurent au foyer les sociétés auxquelles un vin d’honneur
fut offert. A 15 heures on reçut les autorités, cependant
que la pluie faisant rage menaçait la formation du cortège
pour le défilé.
Heureusement, un peu avant 16 heures, un rayon de soleil paru et le
cortège put s’organiser dans la rue de la gare. Puis le défilé
des sociétés eut lieu devant une foule émerveillée
que le mauvais temps n’avait pas pu empêcher d’honorer les morts de
la grande guerre. On put acclamer au passage l’excellente musique de Bapaume,
les sapeurs-pompiers de Bapaume, Barastre, Beaumetz-les-Cambrai, Vaulx-Vraucourt,
Lagnicourt, Morchies, Beugny, les anciens combattants de Bapaume, Achiet,
Bancour, Beaumetz, Boursies, Doignies, Ecoust-Saint-Mein, Frémicourt,
Le Transloy, Vaulx-Vraucourt, Ligny-Thilloy, Haplincourt, Noreuil, Villers-au-Flos,
Saint-Léger, Vélu, Favreuil, Bertincourt, Lebucquière,
Mory et Beugny, les enfants des écoles et les autorités.
Vers 16 h 45, les autorités prirent place sur l’estrade, en
face du monument. M. Philitt, conseiller de préfecture, remplaçant
M. Bertin-Ledoux, retenu à Arras par la visite de M. Godart, ministre.
M. Bachelet, sénateur ; MM. Goubert et Versmée, conseillers
généraux ; Stenne et Godin, conseillers d’arrondissement
; M. le curé de Beugny ; M. le chanoine Vitel ; M. Delecroix, président
des anciens combattants de Bapaume ; M. O. Rohas, d’Arras, délégué
de la fédération départementale des anciens combattants,
M. Durieux, maire de Bertincourt, etc.
Les trompettes ouvrent le ban, la musique exécute la Marseillaise,
les enfants des écoles, forts bien dirigés par leurs excellents
maîtres, M. Carlier et Melle Malvoisin, chantent les strophes de
Victor Hugo, puis a lieu au milieu d’un silence impressionnant, l’appel
des morts.
M. le maire remet le monument à la commune, exalte le souvenir
des héros disparus, remercie tous ceux qui ont coopéré
au succès de la fête et termine par un suprême hommage
aux morts de la guerre, qui ont déjà reçu leur récompense
dans un monde meilleur. M. Rohas, de Beugny, retrace les souffrances des
poilus, leur glorieuse mort, et adjure les vivants de garder fidèlement
leur mémoire.
M. Delcroix, puis M. Rohas, après avoir honoré les morts,
engagent vivement les anciens combattants à rester unis comme au
front, à rester fidèles au drapeau et aussi à défendre
leurs droits, pendant la paix, comme ils ont défendu la patrie
au prix de leur sang pendant la guerre. M. Delcroix, très applaudi,
fait entendre une véhémente protestation contre une amnistie
trop large pour les déserteurs et les traîtres.
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Avril
2008, les ouvriers de Serviloc en pleine restauration du monument
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Le Poilu
restauré
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Le monument en restauration
Les
autres lieux de mémoire de la commune
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- Delsaux
Farm Cemetery (495 corps 14-18) (à l'angle des routes
de Lebucquière à Haplicourt ; lieu-dit Ferme Delsaux, superficie
: 1845 m2). La ferme Delsaux était une position du système
défensif allemand (ligne Beugny-Ytres), elle fut atteinte par
les troupes britanniques le 18 mars 1917 et conquise le lendemain. Reprise
par l’ennemi le 23 mars 1918, malgré la vaillante défense
de Beugny par le 9e Welch Regiment. Le 2 septembre 1918, la 5e
division britannique reprenait la ferme et les jours
suivants, le village. Après leur avance de mars 1918, les allemands
créèrent un cimetière où furent enterrés
103 anglais et 82 allemands. En octobre-novembre 1918, il y eut une extension
par les 29e et 46e Casualty Clearing
Stations. Le cimetière a été conçu par
Sir Edwyn Lutyens.
- Red Cross
Corner Cemetery (218 corps 14-18). Ce cimetière a été
utilisé par les ambulances de campagne et les unités
combattantes britanniques d'avril 1917 à mars 1918. Près
de 200 corps y reposent. Le cimetière a été conçu
par W.H. Cowlishaw.
- Beugny
churchyard and german extension. Contient les tombes de 46 soldats
du Royaume-Uni et 6 d’Australie (la plupart de ces soldats sont tombés
en 1917, 34 d’entre eux appartenaient au R.G.A.), 19 français
et 183 allemands.
- Beugny
German cemetery. Contient les tombes de 831 allemands, 5 australiens
et 4 britanniques.
Sources :
- Commonwealth War Graves Commission
- Remerciement à Jean-Louis Garret pour la photographie
du monument aux morts
- Photographies du monument en restauration par Serviloc http://www.serviloc.fr/
(avril
2008)
- Archives départementales du Pas-de-Calais 2 O 849/12, 1 W 49530,
49545
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