La commune de Cléty a inauguré dans une belle et émouvante cérémonie, le monument élevé à la mémoire de ses 21 enfants morts au champ d’honneur. dès le matin, tout le monde était sur pied pour achever les préparatifs de la fête et bientôt, une quinzaine d’arcs de triomphe reliés par des kilomètres de guirlande, se dressaient majestueusement dans les principales rues du village.
A dix heures, une nombreuse assistance de parents et d’amis se trouvait réunie à l’église pour le service chanté à l’intention des glorieuses victimes. Après l’évangile, un enfant de la paroisse, M. l’abbé Leroy, rendit un éloquent hommage à ses anciens frères d’armes morts au champ d’honneur. Il félicita aussi ses compatriotes d’avoir placé leur monument dans le cimetière , bien spécialement réservé au culte des morts et leur montra comment ce monument devait être à la fois le témoignage de leur pieux souvenir et de leur éternelle reconnaissance à l’égard de leurs vaillants défenseurs. Les décors de l’église, la gracieuse et modeste tombe du soldat inconnu, les chants exécutés pendant la messe furent également fort appréciés. L’après-midi à deux heures, tout le monde se retrouvait à la mairie pour la formation du cortège. Pendant qu’on se dirige cers le monument élevé dans un coin du cimetière, le chœur de chant exécute  quelques strophes de la cantate Gloire à vous martyrs de la France.
En arrivant au milieu d’un silence impressionnant qui se prolongera jusqu’à la fin de la cérémonie, M. le curé procède à la bénédiction du monument et le clairon sonne le garde à vous pour l’appel des morts.
Lentement, M. Joseph Denuncq, proclama les noms des 21 victimes et à l’appel de chaque nom, M. Emile Baillion, un glorieux mutilé, répond : mort au champ d’honneur, pendant que les jeunes filles viennent déposer leur palme au pied du monument.
Quand la funèbre litanie a pris fin, le clairon sonne au drapeau et le chœur de chant exécute l’hymne aux morts : « ceux qui pieusement sont morts pour la patrie… ». Alors commence la série des discours. M. Gruet, instituteur depuis de longues années dans la commune, prend le premier la parole pour louer nos morts qui tous furent ses élèves.
Après lui, M. Leleu, qui a perdu un fils à la guerre, invite les familles éprouvées à se montrer fières de leurs enfants qui ont fait si vaillamment leur devoir.
Ensuite, c’est le tour d’un ancien combattant. M. Marceau Nédoncelle, un brave à la poitrine constellée de décorations. Enfin la parole est à M. le chanoine Vitel, ancien aumônier du 33e régiment d’infanterie. les rubans de la croix de guerre et de la Légion d’honneur qui fleurissent sa boutonnière laissent deviner qu’il fut lui aussi un vaillant. Dans un discours d’une émouvante beauté et tout émaillé des souvenirs qu’il a vécus au cours de la guerre, M. Vitel retrace l’héroïsme du soldat paysan qui plus que tout autre s’est dévoué pour la défense de la patrie.
M. le maire clôture alors la série des discours en remerciant très aimablement les personnes qui ont contribué à l’érection du monument par leurs offrandes. Il exprime encore sa reconnaissance aux différents orateurs (..). Au cours de la cérémonie, trois dévouées quêteuses avaient fait une fructueuse collecte pour les orphelins de guerre de la commune.