Autorisation préfectorale du 14
juin 1924
Localisation : Place
du village
Conflits
commémorés :
1914-1918
Marbrier : Louis Poupart (Béthune)
Texte de l'épitaphe :
A la mémoire glorieuse
des enfants de Cuinchy
morts pour la France
1914-1918
La commune de Cuinchy
a supporté courageusement les bombardements
par canons et par avions sans avoir vu ébranler la foi
de sa vaillante population dans le triomphe final de la France
Aux héros de l’armée britannique
et des 141e, 256e, 281e, 285e
et 295e régiments français d’infanterie territoriale
tombés pour la défense du droit et de la justice
Date d'inauguration
: 2 août 1924 ou 7 septembre 1924 ?.
Le monument a été rénové à l'occasion
du 90e anniversaire de l'Armistice et inauguré pour l'occasion le 11
novembre 2008
Matériaux
employés : Pierre de Soignies, les statues
sont en galvano-bronze
Descriptif
: Dominant l’ensemble, la Victoire ailée
tend sa couronne de lauriers à ceux qui sont morts glorieusement
pro patria. Mais, une jeune femme s’appuie douloureusement sur la
tombe d’un poilu, évoquant la douleur. Elle aussi tend une
couronne, mais celle-ci est mortuaire.
Coût
et financement : 24.000 francs. Une souscription et
le produit de spectacles a permis d’en financer les trois quart
Rappel historique
: Le 12 octobre 1914 à 11h45, les Allemands entrent dans
Cuinchy. Seuls le curé et une vingtaine de villageois sont
encore là. Les Français reprennent position le 16.
Cuinchy se retrouve juste derrière la ligne de front et devient
une cible de choix pour les Allemands qui veulent absolument repasser
le canal.
Les tranchées
recouvrent vite le village. Fin janvier 1915, les Allemands tentent
de déloger les alliés de Cuinchy et Givenchy des deux
côtés du canal, mais échouent. Le soldat M. O’Leary
reçoit la Victoria Cross pour avoir livré seul l’assaut
de deux barricades et tué huit Allemands.
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Liste des noms inscrits au monument
aux morts :
1914
CRESSON Jules
JONGLEUR Louis
LOISON François
MORTREUX Augustin
PARENT Jules
QUIEN César
SOMON Augustin
VERHAEGHE Jules
WEPPE Louis
1915
BROUTIN André
COUPET Paul
CROISILLE Éloi
CLÉMENT Maurice
DENOYELLE Paul
DELOBEL Arthur
DUBOIS Louis
DUPAYAGE Louis
DURIEZ Paul
FAUCŒUR Anacharsis
GUILLY Théodore
WEPPE Jules
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1916
BODDAERT Félicien
BROUTIN Henri
DEFRANCE Jean-Baptiste
GATTEAUX Eugène
MACQUART Marcel
POTIER Jean-Baptiste
VALEMBOIS Étienne
VERDIN Paul
1917
BLONDEL Géréon
BLOIS Achille
CARON Théodule
COURCHEL Emmanuel
COUVREUR Jules
DHAINE Jules
PETILLON Augustin
QUILLET Arnaud
SOMON Émile
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1918
BROUTIN Ernest
CRETON Gaston
DEROUBAIX Germain
FAUCŒUR Maurice
FAUCŒUR Pierre
HOUYEZ Henri
JONGLEUR Léon
LOOCK Norbert
LECLERCQ Aimé
ROELAND Albert
1919
DUPUIS François
1921
CRETON Marcel
1947
DASSONVILLE Raymond
DEFRANCE Michel
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Victimes civiles
1914
DUBOLPAIRE Alfred
RICHON Albert
1915
MOLIN Aurélie
MORTREUX Léandre
1916
BRANQUART Augustine
1917
DUQUESNOY Jean-Baptiste
1919
LOISON Louis
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Guerre
1939-1944 :
MILITAIRES
DENIS Norbert
HANSCOTTE Alfred
MORTAIGNE Alfred
POTIER Lucien
DURIEZ Armand
FUSILLÉS
BOUTRY Oscar
CHAVATTE Oswald
FOUQUET Eugène
LEGRAND Charles
DÉPORTÉS
CRESSON Louis
BOMMART Louis
POUILLE Fleury
DELFRANCE Gérard
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Victimes civiles
BECU Adrienne
BERTHE Marguerite
BROUTIN Charles
BURBURE Arthur
CAUDRON Gustave
DAVRAINCHE Rémy
DUPONT Olive
HUCLIER Elise
POTTIER Marie
ROUSSEL Paul
THIELEMANS Jean
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Le Journal de Lens
rapporte l’inauguration du monument dans son édition du 7 septembre
1924 :
Vers une heure, M. Quéva, maire
de Cuinchy, entouré des membres du conseil municipal, reçoit
à la mairie M. Stirn, sous-préfet de l’arrondissement,
Maes, député du Pas-de-Calais, Achille Larue, conseiller
général et leur souhaite la bienvenue.
A partir de trois heures, les sociétés arrivent
à la mairie où leurs sont offerts les vins d’honneur
; elles sont au nombre d’une cinquantaine ; sociétés musicales,
harmonies, fanfares et orphéons, sociétés de
gymnastique, société de secours mutuels, subdivisions
des sapeurs-pompiers, société d’anciens combattants.
Vers 4 heures, les sociétés se rassemblent et
quand elles sont rangées, sont passées en revue par
les autorités ; puis, elles défilent dans les rues du
village magnifiquement pavoisées. Malheureusement, la pluie
qui avait cessé depuis midi recommence à tomber. Néanmoins,
vers 6 heures, une foule nombreuse se masse sur la place de Cuinchy autour
de l’estrade où montent les autorités : MM. Stirn, sous-préfet
; Maes, député ; Achille Larue, conseiller général
; Beaumont, conseiller d’arrondissement ; Chonion, secrétaire
général de la sous-préfecture ; deux officiers supérieurs
de l’armée britannique ; Duin, capitaine de gendarmerie, commandant
le secteur de Béthune ; Emile Quéva, maire de Cuinchy ;
les membres du conseil municipal ; plusieurs maires des localités
environnantes ; Georges Valembois, président du comité d’inauguration,
etc.
Le monument, œuvre de la maison Poupart de Béthune,
qui s’élève en face du pont est de belle tenue : sur
le piédestal est représentée une femme, la France
couronnant les poilus ; à ses pieds, une veuve qui pleure. Sur
les côtés sont gravés les noms des 49 militaires
de Cuinchy morts pour la France et des 6 victimes civiles. Sur la face
arrière on lit : Aux héros de l’armée britannique
et des 141e, 256e, 281e, 285e
et 295e régiments français d’infanterie territoriale
tombés pour la défense du droit et de la justice. De
nombreuses couronnes et gerbes de fleurs sont déposées
au pied du monument. Le voile qui couvre la statue est enlevé ;
puis M. Georges Valembois, président du comité, dans une
allocution de circonstance remet le monument à la commune.
Des discours sont ensuite prononcés par MM. Emile Quéva,
maire de Cuinchy, Maes, député et Ach. Larue, conseiller
général et Stirn, sous-préfet, qui retracent la
vaillance des poilus de la grande guerre.
Les sociétés chorales d’Essars et de Beuvry
se font entendre.
Après la cérémonie, des concerts ont
été donnés par les sociétés musicales
et des séances sportives par les sociétés de
gymnastique.
La journée s’est terminée par le tirage au sort
des primes attribuées aux sociétés qui eu lieu
à 10 heures du soir à la mairie.
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Le journal l'Avenir de
l'Artois du 4 septembre 1924 revient sur l'inauguration du monument
et rapporte en particulier les discours prononcés :
A partir de deux heures, l’animation
est grande dans toutes les rues du village. Les sociétés
arrivent de toutes les directions, les plus voisines, à pied, les
autres en auto ou en chemin de fer. Les vins d’honneur leur sont offerts
à la mairie, où M. Aimé Quéva a un mot aimable
pour chacune et les remercie d’avoir bravé le temps détestable
pour répondre à leur engagement. En effet, deux sociétés
seulement s’abstinrent sur les cinquante engagées.
Les groupes furent bientôt rassemblés au complet
sur l’ancienne place de Cuinchy, ayant chacun un commissaire pour les
guider dans le parcours. M. Quivy, commissaire général,
dirigea le déploiement de cet imposant cortège avec l’ardeur
qu’on lui connaît et en sachant faire comprendre à tous,
quelques fois avec une énergie toute militaire, qu’on ne badine
pas avec le règlement. Le défilé commença
à 16 heures. M. Quéva-Martin, lieutenant de pompiers, suivi
de ses hommes, ouvrait la marche. Les personnages officiels venaient
immédiatement après : MM. Stirn, sous-préfet
de Béthune, Maës, député, Larue, conseiller
général, Beaumont, conseiller d’arrondissement, le colonel
Gell et le lieutenant Grinbram, de l’armée anglaise ; M. Chonion,
secrétaire général de la sous-préfecture,
Brame, percepteur ; Laur, ingénieur des travaux de l’État ;
Fortin, adjoint technique principal des ponts et Chaussées ;
Delforge, directeur de la maison Poupart, constructeur du monument, Georges
Valembois, président du comité d’érection, M. Quéva,
maire.
Les diverses sociétés se succédèrent
après dans un ordre parfait et obtinrent le plus grand succès
parmi le nombreux public qui était massé sur tout le parcours.
Le défilé se termina au pied du monument, où
les sociétés vinrent se ranger avec leurs drapeaux. Une
estrade avait été édifiée sur laquelle prirent
place les autorités.
Sur un signe de M. le maire, le silence s’établit, le voile
qui recouvre le monument tombe et laisse apparaître la magnifique
œuvre d’art qui a été construite par une vieille
et réputée maison de Béthune, l’ancienne firme Crasquin-Diéval,
aujourd’hui la propriété de M. L. Poupart. L’ensemble est
admirable de ligne et de proportion. A la base se trouve un tertre, dont
la verdure merveilleuse de fraîcheur a été disposée
par le service d’entretien des cimetières anglais. Au-dessus
s’élève une stèle dominée par une statue
de la Victoire, ayant en mains une couronne de lauriers. Plus bas, près
du socle, une femme voilée de deuil pleure inclinée en faisant
le geste de laisser tomber une couronne sur le tertre qui figure la tombe
des soldats morts.
La Marseillaise et la God Save the King sont exécutés,
et la foule écoute religieusement, chapeaux bas, puis M. le maire
fit l’appel des morts et à chaque nom appelé, M. Vandrome,
ancien combattant, répétait l’impressionnante formule :
Mort au champ d’honneur.
M. Georges Valembois, qui a tant de titres pour parler au nom
des anciens combattants, lui qui a fait toute la campagne dans l’infanterie
de première ligne, prononça avec une mâle énergie
le discours suivant :
Discours de M. Georges Valembois, président
des anciens combattants
Mesdames, messieurs, mes chers concitoyens, voici venu le jour
où réunis dans une même pensée, nous venons
rendre l’hommage que nous devons à nos chers disparus. Ces vies
retranchées en plein cours, contre tous les désirs, contre
tous les espoirs, appellent dans le cœur des vivants l’infinie reconnaissance
et le souvenir éternel. Ce monument élevé en leur
honneur dira aux générations futures qu’elles doivent se
souvenir et vénérer la mémoire de ces hommes jeunes,
au cœur généreux, qui se sont sacrifiés et qui sont
morts, pour qu’elles ne connaissent pas la servitude, pour qu’ici bas
règne encore la justice, le respect de son prochain. Pour nous
qui avons connu leurs souffrances, nous ne saurions les oublier, leur souvenir
nous suivra jusqu’au jour où nous les rejoindrons dans cette terre,
qu’ils ont vaillamment défendue et arrosée de leur sang.
En remettant le monument à la municipalité, je la remercie,
au nom du comité, de sa subvention importante et de l’aide qu’elle
nous a donnée pour la réussite de cette cérémonie.
Je remercie les membres du comité qui se sont dévoués,
les souscripteurs qui nous ont permis d’élever un monument digne
de nos grands morts. Nos remerciements vont aux personnalités présentes
et à vous tous, venus nombreux témoigner toute votre sympathie
et montrer aux familles de nos morts et à leurs amis, que vous n’oubliez
pas le sacrifice des êtres qu’ils ont aimés.
En nous retournant vers ce passé encore tout proche, nous
revoyons les étapes parcourues par ceux qui ne sont pas revenus.
Nous revivons cette fin de juillet 1914, où chacun sentait
venir l’irréparable malheur. Par la faute d’une Allemagne humiliante,
méprisante, orgueilleuse, guidée par des maîtres
assoiffés de conquête, le monde allait connaître la
guerre et son cortège de misères. Qui pourra jamais définir
les sentiments profonds des êtres qui s’en allèrent vers
ce qu’ils savaient ne pouvoir apporter que la souffrance et le déchainement
des passions humaines. En cachant l’angoisse de leurs cœurs, ils partirent
dignement, parce qu’ils ne sentaient pas peser sur leurs têtes la
responsabilité de ce qui sera la honte de notre siècle. Des
garnisons l’on vit partir les longs convois qui emportaient les hommes vers
leurs destinées – loin d’eux était la gloire – leurs pensées
allaient toute vers le coin qui les avait vu naître, vers leurs
parents, leurs épouses, leurs enfants, leurs amis. Pour sauver
leur pays, ils allaient accomplir une besogne qui répugnait à
leur cœur. Après les sombres jours de la Belgique, la France les
revit, déjà marqués par la souffrance, suant, peinant,
pliant sous des lourds fardeaux, obligés de se retirer devant la
plus formidable avalanche d’hommes et d’engins qu’on ait vus.
Et elle les vit aussi sur la Marne
avec un courage immense, émouvant, incompréhensible. N’ayant
d’autres abris que les chemins creux, les fossés, sans autres
soutien qu’une faible artillerie, sans autre réconfort qu’un ravitaillement
précaire, s’avancer à nouveau devant les envahisseurs et
les refouler au moment ou ceux-ci pensaient déjà pouvoir
incendier Paris et asservir notre pays. Des trains lugubres emportant les
blessés, souillés de poussière et de sang, apportèrent
au pays l’écho du grand drame. D’un bout à l’autre de la
France, les pensées des vivants allèrent vers nos vaillants
soldats. Après ces rudes efforts, sur un front immensément
étendu, une autre lutte commença, sournoise, affreuse. Pendant
des jours, pendant des mois, la plaine où nul n’osait se risquer
le jour, vit la nuit les longues files d’hommes armés de pioches
et de pelles, se défendant contre les éléments, se
bâtissant de misérables abris. Elle vit des veilleurs aux créneaux,
attentifs au moindre bruit pouvant venir de cette immensité interdite
à la vie. Et chaque jour, chaque nuit, des hommes mouraient là,
d’autres prenaient leur place et finissaient leur tâche sans éclat.
Pareilles souffrances semblaient ne pouvoir être dépassée,
mais la puissance du mal n’avait pas encore fait connaître tous les
maux qu’elle pouvait apporter. Par intervalles, la guerre se réveilla
furieuse, nos soldats connurent les grands charniers : Lorette, la
Champagne, Verdun, la Somme, l’Aisne, les Flandres. En énonçant
ces noms, c’est tout le long calvaire de nos morts que nous retraçons.
Nous les voyons les veilles d’attaque, dans une atmosphère de fièvre,
montant en ligne, au milieu du vacarme des canons. Nous les voyons dans les
parallèles de départ, mêlant leurs peines et leurs misères,
s’élancer dans les plaines couvertes de fumée et de feu. Broyés
par l’obus homicide, frappés par la balle traîtresse, ils se
sont écroulés sur ces terres de désolation. C’est au
milieu de ces enfers, qu’ils nous sont apparus ce qu’ils doivent être,
les maîtres des vivants. En pays ennemi, après avoir connu
la dure servitude, combien de prisonniers ont caressé vainement le
doux espoir de revoir le pays, où ils vivaient heureux, ils sont morts
sans avoir pu contempler une dernière fois les visages aimés.
Notre hommage de reconnaissance va vers nos alliés, morts
comme ceux de chez nous, en faisant simplement leur tâche, pour
nous aider à tuer la guerre. Que la terre de France soit douce
à ces combattants qui n’ont pas eu la chance d’aller dormir dans
le pays qu’ils chérissaient.
Avec quelle amertume nous voyons des Guillaume, encore repus du
sang des martyrs qu’ils ont fait immoler, vivre leur vie, comme si rien
ne s’était passé. Etait-ce cela mes chers amis, que nous
avions rêvé, pour des monstres qui allument des guerres ?
sans exciter les passions et les haines, créatrices de misères
humaines, espérons qu’une justice souveraine saura réveiller
les remords et châtier.
Héritiers de nos amis perdus, restons imprégnés
de leurs forces dernières. Souvenons-nous des beaux rêves
de paix et de fraternité que nous faisions là-haut.
Unis dans les mêmes souffrances, écoutons l’esprit
de nos morts qui nous dit Aimez-vous.
carte postale (collection
particulière Bruno Durteste)
M. Quéva, maire, s’avança à son tour à
la barre de la tribune et parla en ces termes :
Discours de M. Quéva, maire
Mesdames, messieurs, chers concitoyens, au nom de la municipalité
de Cuinchy, j’adresse d’abord tous mes meilleurs remerciements à
M. Stirn, notre éminent sous-préfet, à notre vaillant
député le citoyen Maës, à notre dévoué
conseiller général M. Larue, à notre aimable conseiller
d’arrondissement M. Beaumont, à M. le capitaine de gendarmerie
et tous nos invités qui ont bien voulu par leur présence
rehausser l’éclat de notre fête. Mes plus chaleureux remerciements
iront particulièrement au colonel Goodland pour le très grand
honneur qu’il nous fait aujourd’hui en déléguant M. le colonel
Gell pour le représenter, nous sommes charmés du choix excellent
qu’il a fait pour le suppléer. Merci aussi à M. le lieutenant
Grinham, ils ont bien voulu tous deux se déplacer pour représenter
l’armée britannique. Je ne saurais oublier dans mes remerciements
tous les membres du comité, en particulier M. la président
Valembois et MM. les secrétaires Quéva-Martin et Darras
qui n’ont pas marchandé leurs efforts pour mener à bien
notre lourde tâche. Il est vrai que ceux qui ont contribué
à l’érection de ce monument n’attendent de nous ni félicitations,
ni compliments, ils sont simplement heureux d’avoir pu remplir un devoir
de piété patriotique. Merci aux nombreuses sociétés
qui ont répondu à notre appel et ont malgré le mauvais
temps, participé au succès de notre cérémonie.
Merci à vous, femmes éplorées, veuves, orphelins et
ascendants, d’être venus au pied de ce monument qui vous rappelle
tant de mauvais jours. Merci enfin à vous tous, habitants de la commune
et généreux donateurs pour l’empressement que vous avez apporté
à la réussite de notre projet.
La commune de Cuinchy durement éprouvé
a voulu dresser un pierre durable et éloquente pour transmettre
aux générations de demain, le culte sacré de ses
enfants tombés pour la salut commun et dans une pensée toute
paternelle, elle a tenu à ce que ce monument leur rappelle aussi
que les héros britanniques et de la 58e division française
ont mêlé leurs sang sur le sol de la commune pour le même
idéal.
La population a gardé au cœur tous les souvenirs et toutes
les douleurs de l’épopée et de l’holocauste, et elle a
voulu dans un élan d’unanime reconnaissance assurer aux héros
la considération de leur mémoire. Devant ce monument qui
symbolise l’héroïsme des morts de la grande guerre, où
les noms de ces martyrs sont gravés pour perpétuer à
jamais leur souvenir, engageons-nous à être dignes de leur
héroïque sacrifice, a rester forts par notre union et à
travailler dans la concorde et la justice. D’ailleurs, pourquoi sont-ils
morts ces braves. Ils sont morts pour défendre nos foyers et pour
tuer la guerre, la guerre qui, dans un fracas de tonnerre vint les arracher
à la tendresse de leurs compagnes et aux caresses de leurs enfants.
Le fléau destructeur passait ; il les a pris et roulés
dans un linceul. Et maintenant nous leur rendons hommage : nous leur
tressons des couronnes de lauriers, nous trouvons que leur sacrifice fut
grand. Sans doute, puisqu’ils devaient sauver le monde de la folie impérialiste.
Nous ne dirons jamais assez et jamais assez haut combien nous leur sommes
reconnaissants de cet héroïque sacrifice. Honorons donc nos
morts et la meilleure façon de les honorer c’est aussi et surtout
de conserver jalousement la paix qu’ils ont gagné au prix de leur
sang. N’est-ce point cela que vous désirez pas dessus tout, vous
qui m’écoutez. Vous les femmes, les mères et les enfants qui
pleurez un époux, un fils, un père. Vous tous, hommes, combattants,
blessés, mutilés, que la mort a frôlés de son
aile et qui devez n’avoir au cœur que l’ardent amour de la paix reconquise,
de la paix qu’il ne faut plus jamais perdre. Non, chers morts, votre sacrifice
n’aura pas été vain. Non, vous n’aurez pas à sortir
de vos tombeaux pour jeter la malédiction à ceux qui seraient
assez coupables pour vouer les jeunes générations au même
cataclysme qui vous a ravis à vos familles et qui a ensanglanté
le monde. Dormez en paix nobles martyrs ! Nous tâcherons que le
Droit et la Liberté, pour lesquels vous êtes tombés, fassent
de vos cadets des hommes libres dans une humanité meilleure. Je ne
saurais terminé, sans salure respectueusement les familles si cruellement
éprouvées, les veuves, les enfants, qu’ils reçoivent
ici l’expression émue des sympathies unanimes de toute la population.
Les enfants particulièrement doivent être l’objet de notre
sollicitude, à leur égard la dette du pays est sacrée,
car celui qui devait être leur guide et leur soutien s’est sacrifié
pour la collectivité. Je suis heureux d’adresser à M. Poupart
et à son aimable directeur, au nom du conseil municipal, du comité
et de la population toutes mes félicitations et nos remerciements
pour le talent avec lequel ils ont exécuté ce beau monument.
Permettez-moi de renouveler nos chaleureux remerciements à
M. le colonel Gell, et à M. le lieutenant Grucham pour le concours
désintéressé qu’ils nous ont apporté en décorant
d’une façon artistique l’embase de notre monument et en manifestant
aujourd’hui leur reconnaissance pour ceux des nôtres qui sont
tombés aux côtés des vaillants soldats de l’armée
britannique.
M. le colonel Gell, de l’armée anglaise, prit la parole
au nom de ses camarades pour exprimer toute son admiration pour la sacrifice
de ses frères d’armes de France. Il conta ensuite avec un humour
tout britannique maintes anecdotes héroïques dont il fut
le témoin où le héros sur les lieux mêmes
où s’élève le monument. M. Larue, conseiller général,
rappela les horreurs de la guerre dont le pays fut le théâtre
pendant plus de 50 mois, et termina en disant que tous les peuples avaient
le devoir de conjurer le retour d’un pareil fléau en s’unissant
avec le devoir loyal d’éviter tout conflit. M. le sous-préfet,
qui représentait le gouvernement à cette fête, félicita
avec beaucoup d’à-propos et de tact les organisateurs de l’inauguration
du monument. Il salua ensuite les élus présents sur l’estrade.
Puis se tournant vers le colonel Gell, il dit combien il est heureux
de voir à cette fête un officier de l’armée anglaise
à laquelle nous unit une amitié scellée dans les
tranchées.
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Les autres lieux de mémoire
de la commune
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- Guards Cemetery
Windy Corner Cuincy (3 396 corps 14-18) (rue
Neuve, superficie : 1 ha 7 a 56 ca). A cette endroit, se trouvait
une maison qui était utilsé par les britanniques comme
quartier général de bataillon. Ce cimetière
a été ouvert par la 2ème division
britannique en janvier 1915, puis il sera utilisé par la
4e brigade (Guards). On le fermera à la fin
mai 1916, il contenait alors 681 tombes. Après l’Armistice,
il fut étendu considérablement par le regroupement
de tombes des champs de batailles voisins (en particulier de Neuve-Chapelle,
Aubers et Festubert). 3 443 soldats y reposent aujourd’hui, dont 3
402 britanniques, 32 canadiens. Cimetière conçu
par Charles Holden.
- Woodburn Abbey
Cemetery (556 corps 14-18) (rue des Berceaux, lieu-dit
Couture Risbourg, superficie : 2620 m2).
Ce cimetière tire son nom d'une maison qui était utilisé
comme quartier général de bataillon et comme réserve.
Il a été ouvert en juin 1915 par le Royal Berkshire
Regiment et fermé en janvier 1916. Plusieurs tombes y furent
ajoutées en avril 1918. Après l'Armistice, on y regroupa
les tombes de cimetières environnants.
- Cuinchy Communal
Cemetery. Plus de 100 corps 14-18, quelques tombes 39-45.
- Monument aux morts de la paroisse et vitrail
du souvenir dans l’église Saint-Pierre.
- Monument à la 58e division
d'infanterie française
- A l’extérieur
de l’église, deux calvaires accolés à
l’édifice constituent les seuls vestiges du village avant
la Grande Guerre (1914-1918)
Sources :
- Commonwealth War Graves
Commission
- GRAILLES Bénédicte,
Mémoire de pierre : les monuments aux
morts de la première guerre mondiale dans le Pas-de-Calais,
Archives départementales du Pas-de-Calais, 1992
- Remerciement à M. Durteste Bruno pour la photographie
du monument (noir et blanc)
- Remerciement à Thadée Szalamacha pour la photographie
du monument (couleur) et la liste des noms
- Photographie des calvaires par Thadée Szalamacha
- Site Mémoire des hommes
- Pour l'inauguration du monument rénové en 2008, voir
la Voix du Nord (édition du Bas-Pays) du 13 novembre
2008
- Reproduction de la carte postale par Bruno Durteste (mars 2009)
- Arch. départ. du Pas-de-Calais, 49531, 49533, 49549
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