Le dimanche 17 octobre, M. le curé,
sur la demande de M. Devos, maire, chantait la messe à 11 heures,
dans l’église de Drouvin, pour les soldats tombés au champ
d’honneur. L’assistance nombreuse écouta avec un recueillement profond
l’allocution du M. le curé. Après la messe on chanta l’absoute
et on se rendit en procession sur la place pour la bénédiction
du monument. Le
De Profundis étant terminé, Paul Merveille
entonna sur le ton du Stabat le beau cantique Marie, Ô mère
des douleurs, qui fit couler bien des larmes. La cérémonie
religieuse était terminée. L’après-midi à trois
heures, M. le sous-préfet de Béthune, accompagné de
M. Devos, maire, du conseil presque au complet se rendirent à la mairie
pour recevoir les sociétés qui avaient répondu à
l’invitation et former le cortège qui devait suivre la rue principale
de la commune. Les habitants de Drouvin avaient décoré leur
village avec goût et dans une union parfaite. Bravo les Drouvinois !
Mais voici le cortège, le garde champêtre ouvre la marche,
suivi des clairons, d’un petit groupe de musiciens qui jouent la Marseillaise,
pendant que le sous-préfet monte sur l’estrade. M. le maire, le conseil
municipal, M. d’Halloy, maire de Vaudricourt, son adjoint, quelques autres
conseillers y prennent place aussi ; M. le curé salue M. le sous-préfet
qui s’avance gracieusement pour lui donner la main et le prie de l’accompagner.
Pendant que les garçons chantent quelques couplets de
la Marseillaise,
on découvre le monument sur lequel sont gravés les noms des
13 soldats morts pour la Patrie. M. Wavrin, instituteur, capitaine décoré
de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre, appelle les noms
des soldats et l’enfant ou le frère du héros répond :
mort pour la patrie.
* *
Puis les filles, sous la direction de Mme Delattre et de Mme Ooghe,
chantent avec cœur et expression le beau cantique qui avait été
composé pour la circonstance par un enfant de Drouvin, M. Pénel,
curé d’Annezin-lez-Béthune. Mme Marie-Ange Devot, qui représentait
la France, accompagnée de Louisa Delattre, figurant l’Alsace et
la Lorraine, récite d’une voix douce et impressionnante, quelques
belles poésies. Alors M. le maire remercie M. le sous-préfet
de l’honneur qu’il a fait à la commune de Drouvin, en venant présider
cette fête patriotique, et commence son discours dans lequel il
célèbre la vaillance et l’héroïsme de nos soldats.
En terminant, il convie tous ses administrés à l’union, à
la concorde, gage d’une paix douce, durable et riche. M. le sous-préfet,
d’une voix forte et prenante, rappelle les souffrances, les privations, les
sacrifices de nos soldats, auxquels il rend un hommage de piété,
d’admiration et de reconnaissance. Il insiste lui aussi sur la bonne entente
qui doit exister entre le bourgeois et le paysan, entre le patron et l’ouvrier,
afin de conserver l’ordre dans la société, à l’exemple
de nos soldats qui ont su tenir pour empêcher l’ennemi de vaincre,
et c’est ainsi que, ouvriers des champs ou de la mine, vous travaillerez
à refaire la France plus grande, plus forte, plus puissante.
