Voici comment le journal la Gazette de Béthune du 23 avril 1899 rapporte la cérémonie d’inauguration du monument aux morts d’Hénin-Liétard

La laborieuse population héninoise fraternellement unie dans le plus noble des sentiments, a rendu, dimanche dernier, un solennel hommage à ceux de ses enfants morts pour la patrie.
Quantité de drapeaux flottaient aux fenêtres, des mâts surmontés d’oriflammes garnissaient les principales rues.
Malgré l’incertitude du temps, on remarquait la présence de beaucoup de personnes venues des localités voisines.
A neuf heures du matin a été célébrée une messe solennelle à la mémoire des soldats morts pour la patrie. L’église était décorée avec goût. L’assistance très nombreuses.
A dix heures et demie, les sociétés et délégations commencent à arriver ; elles sont reçues à la mairie, où les vins d’honneur leur sont offerts.
Vers midi arrivent également à la mairie après avoir été reçues à la gare par les autorités, MM. Le colonel Delaire, du 3e génie ; Déprez, sénateur ; les commandants Spriet, de Lens ; Tilloy de Courrières ; Faillet, de Lille ; Breton, ancien commandant des mobilisés, conseiller d’arrondissement à Courrières ; le capitaine Ribert du 33e d’infanterie ; Alfred Foriasky, membre du conseil général des vétérans à Paris ; Delelis, président de la section des vétérans Béthunois ; Deleau et Déprez, délégués du souvenir français de Lens ; Dhumerelle, maire de Dourges ; nombre d’officiers de réserve des cantons de Carvin et de Lens, etc.
Se font excuser, tous trois souffrants, le général Lambert, le député Basly et M. Lapaine, sous-préfet de Béthune.
Aussitôt a lieu la remise officielle du drapeau à la section des vétérans des armées de terre et de mer, nouvellement créée à Hénin-Liétard.

Cet emblème, tout en soie frangée d’or, porte sur la première face : « honneur, patrie. Oublier… Jamais ! ». Et sur la seconde : « les vétérans des armées de terre et de mer, 1870-1871 164e section, Hénin-Liétard ».
C’est M. le colonel Delaire qui remet le drapeau à M. Pruvost, président des vétérans ; il fait longuement l’éloge de nos trois couleurs pour lesquelles tant de soldats sont morts en braves et qui personnifient ce qu’il y a de plus sacré dans ce monde : la patrie, la famille, l’honneur et le devoir.

Il est une heure et demie, un cortège composé de nombreuses sociétés musicales, de compagnies de pompiers, de sociétés patriotiques des environs, se forme.
Le cortège était parfait de cohésion grâce au dévouement du commissaire général de la fête, M. Gosselin.
On se rend immédiatement au cimetière où doit avoir lieu l’inauguration du monument élevé par la ville d’Hénin-Liétard à la mémoire de ses enfants morts sous les drapeaux.
Le monument placé dans le petit jardin de droite du cimetière, est entouré d’une simple rangée de peupliers. La haie y faisant face a été enlevée, et une porte à base pleine, ajourée et cintrée dans le haut, d’un travail réellement artistique, a été placée entre deux pilastres en fer forgé.
Plusieurs couronnes ont été déposées par diverses sociétés ou délégations.
Soudain, les clairons sonnent, les tambours battent aux champs et au milieu du silence le plus religieux, des discours ont été prononcés par MM. Vilain, maire d’Hénin-Liétard ; le colonel Delaire ; le commandant Breton de Courrières ; Pruvost, président de la section des vétérans d’Hénin-Liétard ; Dominique Leroy, président du Souvenir français à Hénin-Liétard, et Dhumerelle, maire à Dourges.

Ces discours empreints du souffle patriotique le plus pur, ont produit sur la foule une bien vive impression.
Le cortège s’est reformé et aux sons d’entraînants pas redoublés, les sociétés sont rentrées en ville.
A trois heures, un banquet très bien servi dans le salon de Mme Veuve Lomprez, réunissait 183 convives.
M. le colonel Delaire présidait.
L’harmonie municipale s’est fait entendre durant le repas.
Au champagne, plusieurs discours ont été prononcés.
Le tirage des primes entre toutes les sociétés présentes a donné le résultat suivant :
Chacun une prime de 20 francs aux sapeurs-pompiers de Beaumont, combattants d’Auby, fanfare d’Oignies, aux combattants de Dourges et aux médaillés de Montigny-en-Gohelle.