La ville d’Hesdin a voulu, dimanche, que la cérémonie d’inauguration du monument élevé à la mémoire de ses enfants morts au champ d’honneur fut digne des héros dont elle voulait perpétuer le souvenir. Une grande partie de la population avait entrepris la décoration des rues et des façades. Des arcs de triomphe, des verdures, des drapeaux, des guirlandes, des inscriptions chantant la gloire de nos poilus, étaient placés avec beaucoup de goût.
Le matin, les sapeurs-pompiers, le Souvenir français, les vétérans, les anciens combattants, les familles des morts et les autorités se réunissent sur la place de l’hôtel de ville et se rendent au service religieux. C’est l’office pour les morts. L’église, tendue de noir, est trop petite pour contenir la foule des fidèles.
Le cortège, accompagné du clergé, se reforme à la sortie de la messe et se rend au monument pour la bénédiction. M. le doyen Delcourt prononce une vibrante allocution, respectueusement écoutée par les nombreux assistants.

*   *

Le Souvenir français se dirige alors vers le monument du combattant de 1870-71 et y dépose une palme après un discours de son président M. de la Charie.
Les autorités et le réveil musical se rendent dans la cour de l’école où à lieu, à 11 h 45, l’inauguration d’une plaque apposée à la mémoire des membres de l’association fraternelle des anciens élèves morts au champ d’honneur. Trente-deux noms sont gravés sur la plaque. M. Pecqueur, président, en fait lecture et confie la plaque au directeur de l’école ; M. Brassart répond et M. le commandant d’armes remet à M. et Mme Grumez, d’Aubin-Saint-Vaast, la croix de la Légion d’honneur décernée à leur fils mort pour la patrie.
Après-midi, le cortège imposant organisé dans la cour de la caserne Tripier se rend au monument pour l’inauguration. un piquet d’honneur, fourni par les troupes de la garnison assure la marche. Puis viennent les clairons des sapeurs-pompiers, la société des sections de gymnastique, le Réveil musical, les enfants des écoles, les mutilés et anciens combattants portant une superbe couronne de bronze, les dames de la croix rouge, précédées d’une grande croix en fleurs naturelles ; trois jeunes filles représentant la France, l’Alsace et la Lorraine ; le groupe important de 78 jeunes filles portant des bouquets, les pupilles de la nation, les familles des soldats morts pour la France, les sapeurs-pompiers, les autorités parmi lesquelles se trouvent MM. Morel, député ; Gervais, sous-préfet ; Ledoux, conseiller général ; Denoyelle et Coaches, conseillers d’arrondissement ; Delcourt, curé doyen ; Gouze de Saint-Martin, commandant d’armes du bureau de recrutement de Béthune ; Brebion, maire d’Hesdin ; les maires des communes du canton d’Hesdin ; les conseillers municipaux ; de la Charie, président du Souvenir français et des vétérans, etc. un piquet clôt le cortège.
Les différents groupes se placent autour du monument. M. Brebion, d’une voix que l’émotion fait trembler un peu , fait l’appel des 78 héros dont les noms sont gravés dans le marbre. A chaque nom, une fille dépose son bouquet au pied de la stèle.

*   *

Les discours se succèdent ensuite : M. Caillaux, au nom des anciens combattants ; M. le commandant d’armes ; M. de la Charie ; M. Ledoux ; M. Morel et M. Gervaix prennent successivement la parole, exaltant le courage, l’abnégation, l’héroïsme de nos sublimes poilus. Les Réveil musical joue la Marseillaise et le chant du départ : les clairons sonnent aux champs.
Puis, un vin d’honneur est offert dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville, aux anciens combattants et aux familles des soldats morts pour la France. Hesdin gardera longtemps le souvenir de cette cérémonie d’inauguration pour laquelle chacun a tenu à mettre du sine pour qu’elle soit parfaitement réussie.
Les organisateurs des différents groupes, les commissaires, les sociétés et surtout le dévoué maire, M. Brebion, ont droit à la reconnaissance de leurs citoyens.