1914-1918
La commune de Marck à ses enfants
tombés glorieusement pour la droit
la justice et la liberté

Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie

L’inauguration du monument élevé à la mémoire des soldats tombés au champ d’honneur pendant la grande guerre a eu lieu hier et a donné lieu à une émouvante cérémonie patriotique qui se déroula au milieu d’une affluence considérable.
Le monument, en granit, érigé dans l’ordre nord-ouest de la grande place port en lettre d’or les 128 noms des braves tombés au champ d’honneur. Un coq gaulois surmonte le monument, entouré d’une grille.
A 10 heures 30, M. Paris, maire de Marck, entouré des membres du conseil municipal, procéda à la remise officielle du drapeau de la nouvelle société patriotique, la section des combattants de Marck, et prononça une magnifique allocution qui émut les assistants. Quelques instants plus tard, les familles des morts étaient réunies à la mairie et M. Paris leur remettait un diplôme.

Nous notons la présence de MM. Laban, sous-préfet de Boulogne ; Farjon, sénateur ; Narcisse Boulanger et Berquet, députés ; Cadart, Parenty et Deroide, conseillers généraux ; M. le colonel Gégonne, commandant le 8^e d’infanterie, le commandant Rigal, commandant le front de mer, Duquesnoy-Martel, maire de Calais ; M. l’abbé Prenier, curé doyen de Marck ; M. Achille Laut, président de la section calaisienne des éclaireurs de France.
M. Paris prononce quelques paroles de bienvenue aux personnalités présente et les remercie d‘avoir bien voulu rehausser cette émouvante cérémonie en répondant à l’appel de l’administration municipale.
Pendant la réception des personnalités, les sociétés vont se masser sur la route nationale, face à la gare, nous remarquons : la musique communale, les médaillés des 1870, les vétérans (section de Calais), un groupe de poilus, un groupe de marins, l’union des combattants (groupe de Calais), la société des démobilisés 14-19 de Sangatte, les mutilés de guerre, l’union des combattants (section de Marck), la jeunesse catholique, les éclaireurs de France (section de Calais), des groupes allégoriques : France, portant une palme très belle offerte par la commune, jeunes filles costumées en Alsaciennes et Lorraines, les écoles, le personnel enseignant, les sociétés de secours mutuels des Attaques et de Marck, et enfin, les notabilités.
Le défilé s’organise pour gagner la Grand’Place. La musique municipale de Marck, sous la direction de son chef, M. Money, ouvre la marche. Respectueusement saluées par le public, les sociétés arrivent sur la Grand’Place magnifiquement décorée de drapeaux aux couleurs nationales.
Une tribune officielle est édifiée face au monument.
Du parvis de la mairie, les personnalités officielles assistent au défilé des sociétés. Une sonnerie retentit et le voile tombe. La musique attaque la Marseillaise. M. Paris, maire, remet officiellement le monument à la commune.
M. Dupuich, instituteur, procède à l’appel des morts pour la patrie, pendant que le piquet d’honneur du 8^e régiment d’infanterie présente les armes.
Des palmes sont déposées au pied du monument par des jeunes filles de la commune. Une jeune fille, richement costumée, symbolisant la France, dépose une magnifique gerbe au nom du conseil municipal de Marck.
Les enfants des écoles exécutent ensuite l’hymne aux morts.
Des discours impressionnants sont ensuite prononcés par MM. Paris, maire de Marck ; le commandant Rigal ; le colonel Gégonne ; M. Farjon, sénateur ; MM. Narcisse Boulanger, berquet, Duquenoy-Martel, Deroide, Parenty, Cadart, Delcluze, Cocquet-Masset, Liébart, Meney. M. Laban, sous-préfet, termine la série des discours et prononce une magnifique allocution patriotique au milieu de l’émotion générale. Il fait un tableau saisissant du dévouement des soldats français pendant la Grande Guerre.
La musique municipale exécute la Marseillaise et le cortège se disloque.

C’est dimanche 21 novembre qu’aura lieu dans l’église paroissiale la cérémonie de bénédiction et de l’inauguration du monument, élevé par la paroisse, aux soldats morts pour la France. Ce monument en pierre sculptée et en staff mesure 5 mètres de hauteur sur 2 mètres 10 de largeur. Le bas-relief représente la piéta traditionnelle. Le tableau supérieur est impressionnant. C’est un champ de bataille : village en feu, terrain bouleversé, tranchées, barbelés.. et au milieu de ces ruines, une scène d’un saisissant et pieux réalisme frappe les yeux : un poilu meurt au pied d’un arbre , réconforté par l’aumônier qui lui montre le ciel d’où un ange descend avec la couronne de la récompense et la palme de la victoire. Les noms des morts sont gravés sur les marbres qui forment les parties latérales du triptyque. Ce monument dont le style s’harmonise bien avec le style de l’église et l’ensemble de son ornementation présente un cachet artistique frappant. Il fait le plus grand honneur à l’artiste  qui l’a conçu et exécuté, M. Rouillard, le statuaire d’Angers, déjà connu par sa Jeanne d’Arc primée. A l’occasion de cette cérémonie, un service solennel sera célébré à 10 h 30 pour les morts de la guerre. Le sermon de circonstance sera donné par M. l’abbé Willox, ancien curé de Brebières, énergique vieillard de 78 ans, célèbre dans le Pas-de-Calais par sa résistance aux boches, actuellement aumônier du pensionnat Jeanne d’Arc.