Après dix-huit mois d’une opposition systématique de la municipalité socialo-communiste, la population saine de cette importante commune du canton de Vimy, c’est-à-dire celle qui n’est pas inféodée au théories subversives, a pu, dimanche, assister à l’inauguration du monument élevé à la mémoire de 144 de ses enfants morts pour la France.
Grâce à une courageuse ténacité, jointe à une parfaite solidarité entre tous ses membres, le comité d’érection et d’organisation qui eut à subir les mille tracasseries d’une municipalité à l’esprit obtus (comme s’il devait en exister en de pareille circonstances),  a pu enfin, avec le concours empressé de la population, rendre un témoignage public de reconnaissance et d’admiration à ses glorieux morts.
Tout d’abord, ce comité ne pouvait trouver de terrain pour ériger son monument ; ensuite, il y eut un revirement et un semblant d’accord se manifesta entre la municipalité et le comité et les fondations dudit monument furent établies sur un terrain communal, en face de la mairie.
Cet accord ne se maintint pas, car la garde communiste du conseil veillait, et le maire, prisonnier de son parti, se vit contraint de refuser le terrain communal.
Ce fut alors une lutte sourde contre le comité d’érection qui eut à subir toutes les avanies et vexations. Le comité dut même faire intervenir la justice qui lui donna gain de cause pour régler définitivement certain litige.
Finalement, un généreux donateur, M. Gustave Georges, qu’on ne saurait trop louer, offrit un terrain.
Il restait toutefois à aplanir certaines difficultés administratives d’ordre local, mais la municipalité comprit qu’il faut une fin à tout et autorisa la manifestation.
Le comité mit donc à profit cette autorisation et fit tout ce qui était humainement possible de faire pour organiser une manifestation digne de Méricourt et surtout de ceux que l’on devait glorifier.
Plus de cinquante sociétés musicales, de gymnastique, de pompiers, d’anciens combattants, de sociétés de secours mutuels et autres, répondirent à l’appel du comité.
De leur côté, les habitants n’étaient pas restés inactifs et leur enthousiasme s’était manifesté par un décor remarquable dans toutes les rues où flottaient les couleurs nationales en haut des mâts reliés par plus de cinquante fausses portes avec banderoles suggestives.
L’animation était donc très grande dans la commune, dès le matin ; elle s’accentuait au fur et à mesure de l’exécution du programme établi.
D’abord, il y eut une messe célébrée à la mémoire des héros, en l’église provisoire, par M. l’abbé Laloux, professeur à l’institution Saint-Vaast. L’assistance y était très dense.
On procéda ensuite à la bénédiction du monument, au pied duquel le chanoine Despretz, supérieur de l’institution Saint-Vaast, enfant de Méricourt, prit la parole en termes élevés et particulièrement appropriés à la circonstance.
Dans l’après-midi, les rues étaient noires de monde et les sociétés étaient reçues par le comité, puis allaient se placer pour la revue.

A quatre heures trente, les autorités passèrent la revue des sociétés, puis ces dernières défilèrent en ville pour, ensuite, gagner l’emplacement du monument, où déjà, des milliers de personnes avaient pris place.
Une sonnerie « au garde à vous » retentit, le voile qui recouvre le monument tombe et ce dernier apparaît dans tout son éclat, imposant et belle venue.
Dans un motif XVIIIème siècle à colonnes supportant un fronton, un magnifique poilu en marbre blanc d’Italie s’appuie sur son fusil avec le bras gauche et un beau geste de pacification de la main droite.
La Marseillaise retentit, exécutée magistralement par l’harmonie de Drocourt, puis de remarquables discours sont prononcés par MM. Bacart, président du comité d’érection ; Hollart, du Souvenir français ; Scailliérez, au nom des anciens combattants ; le général de Wisse, au nom des médaillés militaires ; Capron, conseiller d’arrondissement ; Couhé, député ; la commandant Allart et Louvard, vice-président du conseil de préfécture.
Tous ces discours furent souvent interrompus de chaleureux applaudissements, ainsi que l’hymne aux morts de Victor Hugo, récité par Melle Georges.
L’appel des morts avait aussi été fait par le lieutenant Despich.
Cette cérémonie qui fut particulièrement suivie par toute la population de Méricourt et celles des communes voisines, a laissé la meilleure impression.