Voici comment le journal Le
Beffroi d'Arras rapporte l'inauguration du monument dans son édition
du 13 octobre 1921 :
Inauguration d’un monument
à Monchy-le-Preux
Dimanche, vers deux heures, de nombreuses personnalités arrivaient
à Monchy pour l’inauguration du monument élevé aux glorieux
morts de la 37e division de l’armée britannique, morts
sur notre territoire. Nous avons remarqué entre autres :
Le général lord Edward Gleichen, général sur
Hugh Bruce Williams, tous deux anciens commandants de la 37e division
d’infanterie britannique ; M. Causel, préfet du Pas-de-Calais ;
M. Besse, chef de cabinet de M. Loucheur, qui devait présider la cérémonie ;
les généraux Debeney, ancien commandant de la 1ère
armée française, membre du conseil supérieur de la
guerre ; Demetz, commandant la 37e division
d’infanterie, à Wiesbaden ; Lacapelle, commandant le 1er corps
d’armée ; Huguenot, commandant la 2e division d’infanterie ;
Giralt, commandant la subdivision d’Arras ; mistress Gleichen et lady
Gleichen ; de nombreux officiers anglais et dames de la société
anglaise ; Delansorne, adjoint au maire d’Arras ; les maires des
communes environnantes, etc.
La musique divisionnaire du 33e joue l’hymne royal anglais
et la Marseillaise, pendant que de magnifiques couronnes sont déposées
au pied du monument. Puis le général prend la parole et exalte
l’héroïsme des poilus anglais et français. M. Florent,
maire de Monchy, remercie le général de l’aide apportée
par ses compatriotes à ses administrés et assure que les héros
anglais, morts pour la cause du droit, ne seront pas oubliés.
Un colonel délégué de l’île de Wight, prononce
quelques paroles et le chanoine Wallings, aumônier anglais, prononce
les prières d’usage.
Le voile du monument tombe alors et il apparaît très imposant
aux yeux émus de la foule. Haut de 8 mètres, ce monument, œuvre
de lady Gleichen, représente trois soldats anglais adossés
l’un à l’autre dans l’attitude d e l’attente. Il porte sur sa base
cette inscription :
A la mémoire des officiers
et soldats
De la 37e division d’infanterie
anglaise
Who fell in the great war
1915-1918
Deux canons de 77, allemands, sur leurs affûts, don du gouvernement
français, sont placés sur la plate-forme, à droite et
à gauche du monument.
Des discours sont ensuite prononcés par le général
Demetz, M. Besse, chef de cabinet de M. Loucheur, M. Causel, préfet
du Pas-de-Calais, le général Debeney, le général
Bruce Williams, puis a lieu le défilé.
* *
*
Extraits du discours de M Causel :
ce n'est pas que dans le passé l'Angleterre et la France n'aient
eu des démêlés sanglants et prolongés. Mais ils
ont laissé plus d'admiration mutuelle que de douleurs profondes.
Ils ont donné la preuve que si l'anglais est lent à se déterminer,
il sait pousser la persévérance jusqu'aux limite de l'obstination.
C'est donc un gage de victoire qui nous vient dans les mains. Dès
cette heure, il n'est pas téméraire de penser que, malgré
les vicissitudes de la guerre, la Fortune des armes finira par se fixer dans
notre camp.
L'effort anglais est alors admirable. Si la Grande-Bretagne, par sa marine,
assure à l'entente anglo-française, la maîtrise des mers,
il faut créer une armée. De toutes les dépendances de
son immense empire, elle appelle les forces qui se groupent sur notre territoire.
Par dessus les mers, en des bonds prodigieux, nous viennent des troupes
improvisées, mais pleines de volonté et de courage, dotées,
jusqu'à l'opulence, des moyens matériels de combattre.
Peu à peu elles occupent une partie de plus en plus élargie
du front, nous donnant toute faculté de nous condenser et de nous
ramasser pour la lutte suprême.
C'est cette fraternité d'armes qui solennise cette journée.
Ici même à Monchy-le-Preux, se sont multipliés les actes
d'héroïsmes, plus spécialement de la 37e division.
Est-il donc ds points du sol marqués par le destin pour y faire fleurir
toutes les vertus guerrières ? En dépit de certaines gloses,
je tiens pour avéré que Monchy-le-Preux a puisé son
glorieux surnom dans le souvenir de quelque antique prouesse, renouvelée
et confirmée aujourd'hui par le courage de ses habitants et la bravoure
des troupes britanniques.
Et je me tourne vers les représentants de l'armée alliée
pour leur donner l'assurance formelle que les chères reliques de leurs
soldats reposent dans une terre reconnaissante du salut qui lui fut apporté
par eux, que les habitants de Monchy-le-Preux, comme tous ceux de cette
région, veilleront affectueusement sur les restes sacrés qui
leur sont confiés.
Vous avez voulu, par ce monument qui fait le plus grand honneur à
ceux qui l'ont connu et exécuté, sauver vos morts de l'oubli
; l'amitié et le souvenir français y auraient sans doute suffi.
Nous vous demandons à notre tour de vous souvenir toujours, de ne
rien oublier des fins pour lesquelles nous avons combattu fraternellement,
de vous rappeler nos blessures et nos ruines, et, après les combats
épiques, de ne cesser la lutte morale, de concert avec nous, que le
jour ou la justice sera satisfaite, et la conscience humaine défintivement
apaisée.
* *
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Extraits du discours du général
Debeney
c'est en juin 1918 que j'eus le grand plaisir d'admirer la première
armée française, la belle tenue, l'ardeur et le haut entraïnement
militaire de la 37e division britannique.
Puis vinrent enfin les journées mémorables du 18 juillet
et du 8 août qui marquèrent le passage de l'offensive générale
: la masse immense des armées alliées se lançait à
l'assaut final comme un seul homme, sous un seul chef.
La 37e avait sa place indiquée dans ce triomphant effort.
A partir du 21 août nous la trouvons dans toutes les grandes batailles
qui vont marquer les étapes de la victoire : à Bucquoy et Achiet-le-Grand
d'abord, au passage du canal du Nord et du canal de l'Escaut.
À la rupture de la fameuse position Hindenburg.
À la bataille de Selle et enfin, la veille de l'Armistice, à
la bataille de la forêt de Mormal.
Plus de 5000 prisonniers et 100 canons sont les trophés de ces
brillantes actions.
Pendant ces trois années et demie de guerre la 37e division
a parcouru une glorieuse carrière : 700 officiers et 11000 soldats
tués, près de 30000 blessés attestent la valeur de ses
vertus guerrières.
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