À neuf kilomètres à
l'est d'Arras, le village de Monchy-le-Preux couronne une colline en forme
de cône, à environ un kilomètre au nord de la route principale
Arras-Cambrai. En bordure est du village, sur les ruines d'une fortification
allemande, se dresse le caribou du Mémorial de Terre-Neuve à
Monchy, le regard fièrement tourné vers la colline de l'Infanterie
où, le 14 avril 1917, une poignée de valeureux Terre-Neuviens
repoussèrent les contre-attaques massives de l'ennemi.
Colline de l'Infanterie (1917)
La rencontre eut lieu au cours de la grande offensive du printemps du
feld-maréchal sir Douglas Haig, tandis que les Première et
Troisième armées britanniques attaquaient sur un front de vingt-deux
kilomètres à l'est d'Arras. La 88e brigade devait lancer une
attaque de deux bataillons contre la colline de l'Infanterie derrière
un barrage d'artillerie roulant. Le Newfoundland Regiment, sous le commandement
du lieutenant-colonel James Forbes-Robertson, se tenait sur la droite, et
le 1st Essex Battalion, sur la gauche.
À 5 h 30 le 14 avril, les Britanniques ouvrirent leur barrage
d'artillerie et les deux bataillons amorcèrent leur avance. Au bout
de quatre-vingt-dix minutes, l'Essex s'était emparé de son
secteur de la colline de l'Infanterie. Mais, pendant que les compagnies
terre-neuviennes avançaient, elles furent balayées par le
feu des mitrailleuses. Malgré de lourdes pertes, les Terre-Neuviens
continuèrent d'avancer afin d'occuper les premières tranchées
ennemies en face de la colline de l'Infanterie.
Arrivés au haut de la colline, ils furent reçus par un
nouveau bataillon ennemi. Deux autres bataillons allemands entrèrent
en lice et les Terre-Neuviens furent contre-attaqués sur trois côtés.
Une poignée d'hommes poursuivirent le combat jusqu'à ce qu'ils
fussent tous tués ou capturés.
À 10 heures, le lieutenant-colonel Forbes-Robertson apprit que
pas un seul Terre-Neuvien n'était sorti indemne à l'est de
Monchy, et que de deux cents à trois cents Allemands avançaient
à moins d'un demi-kilomètre de là. Groupant rapidement
tous les hommes disponibles de son état-major, il les conduisit sous
le feu ennemi vers une tranchée dans la banlieue du village. Ils tirèrent
aussitôt des rafales de feu sur les Allemands qui arrivaient, mais
qui, croyant affronter une force supérieure, se terrèrent en
grande hâte. Pendant les quatre heures suivantes, ces dix hommes déterminés
représentèrent, selon le British Official History, «tout
ce qu'il y avait entre les Allemands et Monchy, une des positions les plus
vitales de tout le champ de bataille».
Les défenseurs visèrent avec une extrême précaution
afin que chaque belle comptât, tirant en particulier sur les éclaireurs
ennemis envoyés pour étudier la situation; c'est ainsi qu'ils
purent tromper les Allemands sur leur nombre si réduit. Ils furent
finalement relevés au milieu de l'après-midi par des renforts
britanniques arrivant à Monchy. L'ennemi tenta sans succès
un dernier assaut sur Monchy, mais les grosses pièces de l'artillerie
du Corps bombardèrent les zones de rassemblement allemandes au bois
du Vert et au bois du Sart.
Si Monchy fut sauvé, c'est avant tout grâce à l'héroïsme
et à la détermination de dix hommes. Toutefois, les pertes
du Newfoundland Regiment furent très lourdes ce jour-là, soit
quatre cent soixante militaires de tous rangs, dont cent cinquante-trois
qui furent faits prisonniers.
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