Que leur mémoire soit éternellement bénie

Les communes d’œuf-en-Ternois et de Guinecourt ont inauguré le dimanche 13 février 1921, le monument élevé à la mémoire des soldats morts au champ d’honneur pendant la guerre 1914-1918. la cérémonie fut belle et digne de nos vingt héros, grâce au dévouement des organisateurs. De l’école à l’église, les maisons étaient décorées avec goût et simplicité. A 10 heures 30, une messe solennelle fut célébrée dans notre église superbement décorée et M. le curé d’œuf, dans un discours qui émut la nombreuse assistance, retraça rapidement la gloire de nos soldats qui opposèrent leur calme courage à la fureur des envahisseurs. Aux vêpres des morts, une foule évaluée à près de 800 personnes emplissait l’église et une partie du cimetière. Vers 2 heures 30, la grandiose cérémonie de l’inauguration commença par la bénédiction du monument. MM. Alexandre Delgéry, maire d’œuf ; Dupire, conseiller général et Pénet, conseiller d’arrondissement, prononcèrent alors de magnifiques discours écoutés dans un silence impressionnant. M. Sosthène Outrebon, maréchal des logis, au nom des anciens combattants, récita d’abord une touchante poésie, puis prononça un discours qui émotionna vivement l’assistance. Au milieu du discours de M. le maire, l’instituteur fit l’appel des morts. A chaque nom appelé à haute voix les enfants des écoles répondaient : Mort pour la France, et déposaient des drapeaux autour du monument. M. le conseiller général fit la distribution des diplômes aux familles des morts. L’émotion fut alors à son comble et bien des larmes coulèrent silencieusement, se mêlant à celles des parents de nos héros groupés en face du mausolée. Après chaque discours des poésies furent récitées avec sentiment d’abord par M^elle Geneviève Lemoine, représentant la France et entourée d’un groupe de petites filles en blanc, puis par les élèves des écoles qui chantèrent aussi plusieurs chœurs en l’honneur des morts pour la patrie. La cérémonie se termina par le chœur du De Profundis.
Les municipalités, leurs invités et les anciens combattants se rendirent alors à la mairie pour les vins d’honneur.
M. le maire d’Oeuf et M. le conseiller général prirent de nouveau la parole et levèrent leur verre à l’union de tous les français et à la prospérité toujours plus grande de notre chère patrie. Pendant toute la journée, le calme fut parfait et régna partout ; il est à croire que les âmes de nos héros planaient sur notre petite commune, conviant chacun au plus grand recueillement.