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MÉMOIRES DE PIERRE

OUTREAU

Monument aux morts

Localisation : Cimetière communal

Date d'inauguration : 5 février 1922

Sculpteur : Augustin Lesieux

Texte de la dédicace :

Outreau aux victimes de la guerre 1914-1918


Descriptif :  « Sous une dalle, un soldat est étendu mort. Son casque a roulé. Le coq gaulois, perché sur la dalle, salue de son chant la victoire. A côté du mort, la végétation croît, puisant sa force dans la cadavre. La mort du soldat, dans ce qu’elle a de plus terrible et d’injuste, est justifiée par la croissance de la végétation et le chant du coq »
En dessous du monument fut construit un caveau où furent réunis les restes des fils d’Outreau morts au champ d’honneur. Le même monument a été élevé à Chaville (Hauts-de-Seine)

Coût et financement : 18.000 francs (dont 13.000 francs pour le sculpteur)
 


BLONDEEL Firmin, né le 25 novembre 1899, fusillé le 9 février 1944 au fort de Bondues

Voici, rapporté par le journal le Combattant du Boulonnais du 1er mars 1922, le discours prononcé par M. Laban, sous-préfet de Boulogne, lors de l’inauguration du monument aux morts d’Outreau (5 février 1922)

Mesdames, messieurs,
Vous avez tenu à ce que ce monument, érigé par la pieuse reconnaissance de la population d’Outreau, reçoive la consécration de toutes les autorités publiques et morales de ce pays. Je vous en félicite. C’est en effet dans un chaleureux élan d’union nationale que nous sommes réunis ici et je remercie les bons Français qui ont pris l’initiative de cette manifestation, d’avoir pensé que le gouvernement devait y être représenté.
Nous ne sommes pas venus pour glorifier la guerre, ni pour faire étalage d’un patriotisme belliqueux et provoquant. Nous sommes de ceux qui estiment que la guerre est en elle-même une effroyable catastrophe dont aucun homme de cœur ne peut souhaiter le retour.
*  *
Nous proclamons qu’elle est horrible et haïssable quand on est l’agresseur, mais aussi juste et sublime quand on défend son foyer menacé.
Or, c’est dans une guerre juste et sublime que sont tombés ceux que vous honorez. C’est à la plus noble des causes, la défense du sol sacré de la patrie, qu’ils ont tous sacrifié. Leur gloire est la plus pure et leur mémoire mérite une vénération sans réserve. On vous a dit ce qu’ils ont souffert et vous savez quelle a été  la grandeur de leur abnégation. Aucun hommage, si touchant qu’il soit, ne sera à la hauteur de leur martyre.
A eux donc, vont notre admiration et notre douloureux respect. Et à ceux qu’ils ont laissés au foyer familial et qui les pleurent, vont notre sympathie attristée et notre sollicitude la plus sincère.
Certes, nous n’avons pas la prétention d’apporter aux familles en deuil des consolations décisives ; elles souffrent d’un déchirement qui ne se cicatrisera jamais. Mais nous devons nous efforcer au moins de procurer à la perte cruelle qu’elles ont éprouvée, un adoucissement matériel aussi large que possible.
Notre œuvre à cet égard est d’ailleurs loin d’être parfaite et le profond sentiment de solidarité française qui nous anime est loin d’être satisfait. Il a fallu la gravité de notre situation budgétaire pour imposer à nos gouvernants et à nos parlementaires une mesure qu’ils ont regretté de ne pouvoir faire plus généreuse dans le montant des pensions et aux allocations aux diverses victimes de la guerre. Mais le dernier mot n’est pas dit là-dessus, pourvu que les difficultés extrêmes de l’heure présente deviennent moins aiguës.
Nous devons bien cela à nos morts ; nous le devons aussi à nos camarades mutilés et anciens combattants, que j’associe pleinement à cet hommage de la reconnaissance publique.
Nous leur devons autre choses encore, c’est de travailler avec ardeur à la prospérité du pays. Chacun de nous, dans sa sphère, doit apporter son concours au relèvement national. Et cet effort de tous les bons enfants de France doit se faire dans l’union , sous l’égide des lois d’une république grandie et consacrée par la plus belle des victoires. Pour que notre droit soit respecté par nos ennemis d’hier et reconnu par nos amis, pour que les réparations s’accomplissent, l’union nationale – d’où aucune bonne volonté n’est exclue – doit être empreinte d’une confiance où d’une solidarité réciproque entre tous les bons citoyens de ce pays. Nos grands morts nous commandent cette union ; notre vénération pour leur mémoire nous l’imposera. nos camarades mutilés et anciens combattants en seront les gardiens vigilants et respectés.
Gloire à eux tous, par qui la France a été sauvée et par qui elle vivra désormais dans la paix, le travail et la fraternité !



Voici, rapporté par le journal le Combattant du Boulonnais du 1er mars 1922, le discours prononcé par M. Farjon, sénateur du Pas-de-Calais, maire de Boulogne-sur-Mer, lors de l’inauguration du monument aux morts d’Outreau (5 février 1922)

Mesdames, messieurs,
Nous venons aujourd’hui rendre un dernier et solennel hommage aux enfants de la commune d’Outreau morts pour la France dans la grande guerre de 1914-1917.
Ces nobles cérémonies qui se sont célébrées depuis deux ans dans toutes les communes et sur toute la surface du territoire, dans une pieuse pensée du souvenir, ont uni tous les cœurs dans un sentiment unanime de deuil, de reconnaissance et de fierté.
Nous évoquons aux pieds de ces monuments les heures tragiques de ces dernières années. C’est en juillet 1914 le coup de tonnerre inattendu de la guerre imminente qui surprend notre pays au milieu de son travail pacifique ; et malgré les efforts désespérés de la France et de ses alliés qui consentent , pour éviter la catastrophe, aux plus durs des sacrifices, les hostilités éclatent, voulues par l’orgueil et l’ambition germaniques. La grande voix de la patrie en danger appelle tous ses enfants aux armes, mais si le péril est grand, l’âme des français est à la hauteur du danger, et tous, d’un seul élan, viennent se ranger sous les plis du drapeau tricolore pour former cette grande armée nationale qui devait inspirer leur héroïsme.
Cependant qu’au logis, ceux qui restaient après le départ des soldats, vieillards, femmes et enfants, animés par le même sentiment, devaient suppléer par un travail acharné à l’absence des hommes partis au front , pour assurer la subsistance de la nation.
Mais enfin l’épreuve a pris fin et la victoire est venue triomphante et vengeresse. Cette victoire nous la devons à la bravoure de nos soldats, et en premier lieu à ceux qui, comme les héros dont les noms sont inscrits sur cette pierre, on payé de leur vie le salut de la patrie. Nous ne l’oublierons pas, pas plus que nous oublierons les devoirs que nous avons ainsi contractés vis-à-vis de ceux qu’ils ont laissé sans soutien derrière eux.
Mais, après l’armistice, la France pouvait légitimement croire qu’elle avait gagné par ses sacrifices le droit de se remettre en paix à son travail réparateur. Vous savez qu’il n’en a pas été ainsi, et que les difficultés se sont amoncelées depuis lors. Notre peuple n’est pas impérialiste, mais il veut d’un cœur ferme et décidé, recevoir les réparations auxquelles il a droit et qu’il sait légitimes dans son haut esprit de justice. C’est le sentiment unanime de notre nation et c’est l’ordre que nous dicte la voix sacrée de nos 1.500.000 morts. Nous ne faillirons pas à la tâche. Certes, la route devant nous est encore longue et ardue, mais l’âme de nos générations fortement trempée par la guerre saura nous faire surmonter tous les obstacles.
Et quand les nuages qui obscurcissent maintenant notre ciel auront été balayé, et que le soleil luira à nouveau sur des années heureuses, que notre pensée se reporte toujours vers le souvenir de ces grands morts qui ont tant mérité de notre France immortelle.



Morts en Afrique du Nord :

DUPUIS Georges-René-Louis, né le 9 février 1934 au Portel, caporal au 159e RI alpine, mort pour la France le 2 juillet 1956 à Allouane (Algérie)

GOURNAY Robert-Maurice, né le 27 mars 1932 au Portel, brigadier chef au 6e régiment de chasseurs d’Afrique, mort pour la France le 26 mars 1957 (Algérie)

ABRAS Marcel-Jean-François, né le 18 janvier 1940 au Portel, 2e classe au 2/73e RI de marine, mort pour la France le 18 janvier 1961 à Taddert-Ofello (Algérie)

DEBUCQUET Jean-Claude, brigadier chef au 1/27e régiment d’artillerie, mort pour la France le 30 novembre 1956 [pas vu sur mémoires des hommes]

FLAHAUT Emile-Eugénie-Alfred, né le 1er janvier 1941, 2e classe au 1/73e RI de marine, mort pour la France le 7 avril 1962 à l’hôpital d’Alger (attentat OAS)

FONTAINE Roger, né le 10 mars 1927, 2e classe au 9e régiment de chasseurs alpins, mort le 24 février 1953 des suites de maladie à l’hôpital civil de Constantine [pas vu sur mémoires des hommes]

LELEU Pierre, né le 27 septembre 1937, gendarme à la 6e légion, mort le 17 juin 1962




Les autres lieux de mémoire de la commune

- Outreau Communal Cemetery. Dans le cimetière communal, on trouve les tombes d'une vingtaine de soldats britanniques tombés durant la deuxième guerre mondiale

- Monument aux morts de la paroisse d'Outreau. Inauguré le 17 octobre 1920. Description : autel en chêne

L’inauguration du monument aux morts de la  paroisse d’Outreau rapportée par le Journal La Croix du Pas-de-Calais du 24 octobre 1920

Bénédiction du monument érigé à la mémoire des enfants d’Outreau morts au champ d’honneur

Dimanche dernier, 17 octobre, une affluence énorme remplissait l’église d’Outreau et les abords du cimetière car « Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie, ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie ». A défaut de la tombe au pays natal, les enfants d’Outreau ont un autel en chêne, finement sculpté, un nom gravé en caractères carmines, symbole de leur sublime sacrifice, et un sanctuaire inviolable dans le cœur de leurs parents et de leurs amis.
A 11 heures, la sainte messe commence. La schola paroissiale, sous l’habile direction de M. Poulet, exécute admirablement la suppliante litanie du Kyrie eleison de l’abbé Chérion. A l’évangile M. l’abbé Bouquet, curé de la paroisse donne lecture de la liste de tous les disparus de la Grande Guerre : 207 victimes. Outreau a généreusement payé sa dette à la patrie. Après la nomenclature de chacune des années, un De Profundis est récité, puis des enfants, des jeunes filles, en costume blanc, écharpe roue au gracieux bandeau, personnifiant la France victorieuse et l’Alsace-Lorraine réintégrée, viennent déposer des gerbes de fleurs sur l’autel.  qui disparaît sous le suave emblème du triomphe et de la fidélité. Sur le diptyque sont sculpté deux croix de guerre. Une riche stèle en marbre blanc porte au fronton cette épigraphe, en lettres noires : « Gloire à nos enfants, morts pour la patrie, sous le regard de Dieu ».
Et à la base, cette formule simple et saisissante : « Ils ont tant peiné, tant souffert ! Seigneur, donnez leur le repos éternel.
La bénédiction du monument terminée, M. le curé, avec un accent poignant retrace les angoisses des années de guerre, rappelle dans un langage élevé les devoirs que nous inspirent l’église et la patrie, l’hommage de notre admiration, de notre reconnaissance et de notre prière.
Pendant l’offrande présidée par M. le vicaire, la foule se déroule en théories interminables, tandis que par le Dies Irae en faux bourdon du chanoine Planque, la schola nous traduit fidèlement l’expression de terreur et l’accent de supplication renfermés dans cette prose inimitable. A l’offertoire, émotionnant adagio de Beethoven qui nous révéla de véritables artistes.



Sources :
- Pour les morts en Afrique du Nord : Louis Mortreux, les héros de l'oubli, 1952-1962, hommage aux militaires du département du Pas-de-Calais morts au champ d'honneur en Algérie-Tunisie-Maroc ; et Site Internet Mémoires des Hommes





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