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MÉMOIRES DE PIERRE

PONT-A-VENDIN

Monument aux fusillés

Localisation : Derrière l'église

Conflit commémoré :  1914-1918

Texte de la dédicace :

1914-1918
PONT-A-VENDIN à ses Fusillés


Innocentes Victimes fusillées par les Allemands
DAVROUX Alex-André
Né le 6-2-1896
Fusillé à Lens le 11-10-1914
Chevalier de la Légion d’Honneur

HOCQ Gaston-Hector
Né le 30-11-1895
Fusillé à Carvin le 9-10-1914

Monument aux fusillés de Pont-à-Vendin (photographie par Thadée Szalamacha)

Sculpteur : L. Belli (Lille)

Date d'inauguration : 15 mai 1938

Le journal le Réveil du Nord rapporte l'inauguration du monument dans son édition du 16 mai 1938 :

La cérémonie d’inauguration du monument à Alexandre Davroux et Gaston Hocq s’est déroulée hier dans une atmosphère de cordiale sympathie, de respect et d’émotion contenue. Partout dans la cité minière, intensément laborieuse, les drapeaux flottaient, des arcs de triomphe parés avec goût coupés les artères. Les roulements de tambour,, les sonneries de clairon se succédaient sans interruption. C’était la fête du souvenir. Cette fête symbolisait l’hommage solennel  rendu à la mémoire des deux jeunes gens du pays qui, à l’âge de 17 et 18 ans, étaient tombés sous les balles allemandes.

Quel fut le martyre de ces adolescents chargée de gloire, terme propre à maître Philippe Kah et que celui-ci, en tant que président d’honneur de l’union des prisonniers et victimes civiles de la guerre, a repris dans son discours. Nous voulons en ce lendemain d’inauguration du monument élevé à leur mémoire, le résumer ici d’après l’allocution brillante du grand orateur et écrivain de talent qu’est maître Kah.

Octobre 1914, Pont-à-Vendin est pris. L’incendie fait rage. La lutte se poursuit entre les deux armées et Alexandre DAVROUX, surpris dans un grenier, est fait prisonnier. Les Allemands l’accusent d’avoir tué un de leurs soldats. Ils l’emmènent, le force à marcher et s’en servent comme bouclier vivant pour avancer dans la direction des troupes françaises. Plus tard, c’est à Aunay qu’il est conduit, brutalement poussé, avec de lourds sacs attachés aux épaules. L’église d’Harnes, la bataille de Lens. Le conseil de guerre dans le château Spriet. Sa condamnation à mort. Alexandre Davroux ne bronche pas et s’écrie : « la France sera victorieuse ». On le roue de coups de crosse ; un officier lui offre une cigarette, la cigarette du condamné. L’enfant, qui n’a pas encore 17 ans, la jette à la face du président du conseil de guerre. Les coups redoublent. On lui fait creuser sa fosse. Il refuse de se faire bander les yeux et tombe sous la rafale, mais il a eu quand même le temps de lancer les premières notes de la Marseillaise.

Gaston HOCQ, enfant d’une famille de dix, était à Cherbourg quand la guerre fut déclarée. Trois de ses frères sont au front et il veut les rejoindre. Il veut se battre lui aussi et défendre son pays. Il est trop jeune, on l’invite à attendre. Il se cache à Pont-à-Vendin, puis revêtant des vêtements féminins, le voici partant vers Meurchin. Une patrouille allemande le fait prisonnier et bientôt, les officiers devant lesquels on l’amène, le considèrent comme un espion. Il sera fusillé comme tel et sans jugement, avec d’autres civils français : Lorthiois, Lherbiez et Charles Homerin. Gaston Hocq est traîné devant un mur de le rue Emile Zola, à Carvin, où on l’exécute, ainsi que ses camarades de captivité. Un modeste plaque scellée à ce mur, dit des fusillés de Carvin, rappelle le meurtre du 9 octobre 1914.

Devant l’évocation d’actes aussi cruels, devant le lumineux exemple d’héroïsme donné par ces braves jeunes gens, le préfet du Pas-de-Calais, M. Rochard, ne pouvait rester insensible à l’appel du comité d’organisation de Pont-à-Vendin, que préside M. Cambier, ainsi qu’à celui de la municipalité, présidée par M. Benjamin Cambier. M. Rochard avait au contraire, et depuis longtemps déjà, marqué la ferme intention de remettre lui-même la croix de la Légion d’honneur attribué à titre posthume à Alexandre Davroux. Et hier, le sympathique préfet était là, dès midi, reçu en l’hôtel de ville de Pont-à-Vendin par le maire, M. Benjamin Cambier, qui était entouré de ses adjoints : MM. G. Davroux et V. Bizoux ; des membres du conseil municipal, ainsi que des dévoués personnes qui avaient pris l’initiative de l’édification du monument qu’un voile recouvrait encore, mais que toute à l’heure, M. Jules Cambier remettrait officiellement à la ville, à la gloire de ceux qui sont morts. Parmi les personnalités présentes à l’hôtel de ville au cours de la réception de M. le préfet, on notait la présence des familles des jeunes héros, ainsi que de MM. Louis Couhé, président du conseil général du Pas-de-Calais ; Paul Sion, député ; Robert de Bailly, sous-préfet de Béthune ; le général Nicolle, représentant le général Doumenc, commandant de la 1ère région ; J. Erouart, maire de Vendin-le-Vieil ; Philippe Kah, avocat au barreau de Lille, président d’honneur de l’union nationale des P.C.G. ; Léon Delsart, ancien député, président d’honneur de la confédération nationale ; Guillemin, président des Croix de bois à Lille ; Albert Deman, président des prisonniers politiques de Lille ; Delval, président général ; Duffet, président ; Louis Delplanques, Mme Hubert ; MM. Georges Ghys, Soufflet, des P.C. et victimes de guerre ; Thomas Arthur, président d’honneur du comité d’érection ; Cambier-Marsy Jules, président du comité ; Gambier Fernand, Rouge Théodule, vice-présidents ; Derviau Léo, secrétaire ; Pennequin Michel, secrétaire adjoint ; Selomme Alexandre, trésorier ; Vanlindt Fernand, trésorier général ; MM. Hochedez Emile, Lamont Alexandre, Degorgue Fidèle, Hachin Antoine, Druelle Pierre, Patout Alfred, Bocquet Antoine, Beaurepaire François, Baye Paul, Lemaire David, Carrette Léon, Demerin Omer, Deschutter Maurice, Druelle Emile, Godin Louis, Tailliez Gaston, conseillers municipaux ; Melle Théry Léa, directrice de l’école de filles ; MM. Leleu Victor, Lemaire Etienne, Gambiez Joseph, Lecocq Théophile, etc. membres du comité ; Courtelin, ancien commandant de gendarmerie ; le capitaine Jérôme, le chef de brigade Ducrocq, MM. L. Belli, l’éminent statuaire, auteur du monument ; Pajet, maire de Carvin ; Hazebrouck, commissaire spécial, et ses collaborateurs ; MM. Rouveyrol et Moulins ; Emile Taillez et François Carrette, Degorgue, Soufflet, Robé, de Montigny-en-Gohelle, etc.

Devant le magnifique monument dû au ciseau du grand maître statuaire lillois L. Belli, MM. Jules Cambier, président du comité ; Benjamin Cambier, maire : Soufflet, représentant de la fédération ; Sion, député ; Philippe Kah, représentant l’union des P.C. ; Rochard, préfet du Pas-de-Calais, magnifièrent l’héroïsme de ces adolescents humbles de cœur, dépouillés de toute vanité, qui étaient tombés sans défense et sans qu’il y ait eu de motif d’exécution. Et combien d’autres prisonniers ou victimes civiles subirent le même sort ? les divers orateurs entendus employaient des termes différents pour parler de ces braves, tombés en héros dans cette région du « Nord, crucifiée où pendant la tourmente le soleil ne se levait plus dans les cœurs », mais tous employaient la même formule quand il s’agissait de maudire la guerre. Ces belles phrases, pleine de fougue et d’ardent désir de paix, étaient d’autant plus belles à entendre que, revenant d’Orchies où les assises du congrès départemental de l’UNC se tenaient depuis deux jours, nous les avions entendues déjà, au cours de la matinée, acclamées par 10000 combattants. Eux aussi, c’est gars du Nord, tout comme leur camarades du Pas-de-Calais n’ont comme idéal suprême que la paix entres les peuples !

Et ce fut enfin, à M. Rochard, préfet du Pas-de-Calais, de terminer cette partie officielle, en remettant à M. Etienne Davroux la Croix de la Légion d’honneur attribuée à titre posthume par le Gouvernement, à son frère Alexandre.



Sources :
- Photographie du monument par Thadée Szalamacha
- Le Réveil du Nord du 28 janvier 1938






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