Monument
à la mémoire des 88e et 288e R.I.
et 135e territorial
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Autorisation du ministère
de l'Intérieur du 25 juillet 1953
Localisation
: Parvis de l’église,
sur un terrain offert par la municipalité (délibération
du conseil municipal du 9 juillet 1952).
Conflit commémoré
: 1914-1918
Maître d'ouvrage
:
Amicale des anciens des 88e
et 288e R.I. (Auch, Gers) (Le souhait d'ériger un
monument en hommage des sacrifices des hommes du 88e RI le
9 mai 1915 et en mémoire des camarades tombés en 1914-1918,
avait été émise lors de l'assemblée générale
de l'association le 22 juillet 1951)
Date d'inauguration : Août
1953. En septembre 1954, une nouvelle cérémonie fut
tenue pour achever le projet du monument : à l'arrière du
monument un petit cénotaphe accueille une urne contenant de la terre
du pays natal des braves de ce régiment, ainsi que le livre d'or
du 88e où figurent les noms de ceux tombés en terre
d'Artois.
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La maquette du monument
Texte des plaques situées
au dos du monument :
Ardennes
La Marne
Perthes
Roclincourt
Avocourt
Mont-Blond
Bois des Chevaliers
Bois de Chaume
Monts de Flandre
Somme
Oise
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Ce monument
du souvenir élevé sur ce terrain
généreusement offert par la commune de Roclincourt
est dû à l'initiative de l'amicale des anciens des 88e
et 288e R.I.
Il a pu être réalisé grâce aux souscriptions
publiques
avec l'aide du conseil général et des communes
département du Gers
des conseillers généraux
Lot et Garonne, du Pas-de-Calais
et de la ville d'Arras
2 août 1953
Il est des pages particulièrement glorieuses de nos régiments
qu'il faut en effet perpétuer par un monument symbolique
destiné rappeler aux générations futures les sacrifices
consentis par leurs anciens
Texte partiellement illisible
Général Malaguti
Commandant la 2e Région
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Woevre
Argonne
Hauts de Meuse
Cumières
Vaux-Chapitre
Bois le Prêtre
Chemin des Dames
Montdidier
Compiègne
Noyon
La Serre
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Inauguration :
le monument a été inauguré le 2 août 1953,
en présence de Georges Phalempin, préfet du Pas-de-Calais,
qui prononça ce discours :
"Mesdames, Messieurs,
En ce jour anniversaire qui marque le début
de la guerre la plus meurtrière des temps modernes, ce n'est
pas sans émotion que je dois à mon tour, au nom du Gouvernement
de la République, saluer les anciens combattants gascons du 88ème
régiment d'infanterie, revenus dans notre plaine d'Artois pour
accomplir un noble et pieux devoir.
Avec une ténacité que n'ont pu
vaincre ni le temps ni l'espace, ni la lassitude ni l'oubli, ils ont
su mener à bien l'érection de cet émouvant mémorial
à la gloire de leur mort. Une telle fidélité au
souvenir de leurs vaillants compagnons d'armes les honore grandement
; et sa signification en sera d'autant mieux comprise ici que notre
terre d'Artois est un véritable reliquaire de l'histoire de France
et du sang des meilleurs de ses enfants.
En venant à Roclincourt tout à
l'heure, nous avons suivi une partie du trajet qu'à l'aube du
9 mai 1915, les bataillons du 88ème avaient eux-mêmes
parcouru avant de se lancer à l'attaque aux accents de la Marseillaise.
Il s'agissait pour eux de dégager l'étreinte qui pesait alors
sur Arras, à peine dissimulée à leurs regards par
la ligne d'horizon, et de reconquérir, droit devant eux, la riche
plaine minière qui constitue l'un des plus beaux fleurons de cette
région. Ainsi, la Gascogne, par un élan de solidarité
qui n'est pas sans exemples dans son passé, venait une fois de plus
au secours de l'Artois. Et si l'objectif assigné ne fut pas, hélas,
atteint ce jour-là en raison des moyens de défense accumulés
par l'ennemi dans ce secteur, nous n'en avons pas moins contracté
une lourde dette envers 1500 héros tombés à deux
pas d'ici pour la libération de la patrie.
A ces glorieux morts du 88ème,
à ceux de leurs camarades qui leur ont survécu et qui
leur demeurent si noblement fidèles, à ceux et à
celle qui les ont aimé et pleurés, j'apporte l'hommage reconnaissant
du département du Pas-de-Calais et du gouvernement de la République,
en même temps que l'expression de notre respectueuse sympathie.
Et me tournant vers M. le président de l'amicale du 88ème
qui, il y a un instant, confiait la garde de ce monument à la municipalité
de Roclincourt, je veux lui donner l'assurance que c'est toute la laborieuse
population de l'Artois qui aura désormais à cœur de veiller
sur cet émouvant symbole d'une page d'héroïsme, qui
fait honneur à nos drapeaux (..)". [suivent les remerciements
aux personnalités présentes]
Dans son édition du 7 avril
1953, le journal Nord-Matin annonce le projet d’érection du
monument :
A Roclincourt près d’Arras,
le 88e d’infanterie a écrit sa plus belle page d’histoire. Le 9 mai
1915, 32 officiers et 1099 cadets de Gascogne et d’enfants du Béarn
sont tombés au champ d’honneur. Un mémorial va perpétuer
leurs glorieux souvenirs.
C’est le 29 octobre 1914, au front, que le valeureux colonel du 8e d’infanterie
Mahéas répondait simplement au docteur Samalens, maire d’Auch
: « vos petits gascons sont beaux, sont crânes, remplissent
bien leur devoir de soldats et donnent héroïquement leur vie
pour sauver la France. Nous pleurons ces derniers, nous nous efforçons
de faire aussi bien qu’eux pour le même but, pour lequel la volonté,
les efforts de tous ne seront pas de trop. Il faut le répéter,
chacun doit continuer de faire son devoir, tout son devoir. Et vive la Gascogne,
vive la France !».
En Artois
Après la bataille des Ardennes, après la Marne et Perthes,
le 88e d’infanterie arrive en Artois. Il débarque à Anvin le
1er mai 1915. Et voici ce brillant régiment à Roclincourt,
où il va jouer un rôle dramatique et sanglant. Le régiment
va participer à la grande offensive de l’armée d’Urbal qui
a pour but de dégager Arras et de libérer le bassin houiller
du Pas-de-Calais. C’est dans le cadre de cette vaste opération d’envergure
que le 88e dans la nuit du 8 au 9 mai 1915 va prendre position en avant du
village de Roclincourt face à de très puissants ouvrages allemands
établis au bas des pentes du village de Thélus.
9 mai 1915
Journée sanglante ! date mémorable
entre toutes pour les poilus du 88e. C’est en effet à Roclincourt
a pu dire plus tard le colonel Schneider, qui commandait le régiment
en second, en cette circonstance, que le 88e a écrit la plus belle
page de son historique, on sait au prix de quel sacrifice et de quelles pertes
: le colonel, 32 officiers et 1099 soldats tués ou hors de combat.
Le régiment avait reçu l’ordre d’attaquer au sud-est de Thélus.
Cette attaque devait se heurter à des défenses infranchissables.
La position qui se trouvait être l’objectif du 88e était défendus
par quatre régiments prussiens soutenus par vingt sections de mitrailleuses
qui rendaient quasi imprenable un glacis de 300 mètres.
Le colonel Mahéas tué à la tête
de son régiment
Le colonel Mahéas avait pensé lancer la première vague
d’assaut au chant de la Marseillaise. Il fut tué quelques secondes
avant de s’élancer de la tranchée de départ. Son officier
adjoint, le capitaine Déchamps, est grièvement blessé
à ses côtés et le capitaine Chamart est tué par
le même obus.
Cependant la première vague bondit au cri de « Vive la France
! », elle ne put parcourir qu’une cinquantaine de mètres. Le
commandant Forester promu lieutenant-colonel et affecté à un
autre régiment ne veut pas quitter ses hommes et tombe mortellement
atteint à la tête du premier bataillon. Telle fut trop sèchement
résumée cette action du 9 mai 1915 au cours de laquelle les
cadets de Gascogne et les enfants du Béarn s’égalèrent
aux plus vaillants. Le 16 juin, le 25 septembre, nouvelles attaques en Artois
auxquelles participent le régiment. Le colonel Leuchères, successeur
du colonel Mahéas est blessé. Après un hiver très
dur et pluvieux passé dans le secteur de Roclincourt, le 88e RI est
relevé le 3 et 4 mai 1916 par les premières unités de
la Kitchener’s Army et s’embarque ensuite pour la Lorraine où il va
se couvrir de gloire comme en Artois.
In Mémoriam
L’Amicale des anciens du 88e et 288e n’a pas oublié ces dramatiques
journées de combat et ses membres se sont décidés malgré
le temps, à commémorer les hauts faits de leurs aînés
en décidant l’érection d’un mémorial du souvenir à
Roclincourt. Le président de l’Amicale des anciens des deux régiments
d’Auch (Gers), M. Corominas, a lancé la généreuse idée
de cette érection d’un mémorial.
Le général Malagutti, commandant de la 2e région, a
tenu à s’associer au nom de l’armée à l’hommage rendu
aux vaillants héros.
(..) la maquette du monument de Roclincourt a été offerte au
conseil général du Gers que préside M. Leygue.
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Sources :
- Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 19279. Le croquis est celui présenté
par l'amicale des anciens des 88e et 388e RI
pour le dossier d'autorisation d'ériger un monument commémoratif.
Pour le discours du préfet du Pas-de-Calais, voir 1 W 36499
- A propos de la cérémonie de dépose de l'urne contenant
de la terre du Béarn et de Gascogne, voir Nord-Matin du 16
septembre 1954 (avec photographie des personnalités présentes)
- Photographie du monument par Serviloc, avec mes remerciements http://www.serviloc.fr/
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