Retour
MÉMOIRES DE PIERRE

SAILLY-SUR-LA-LYS

Monument aux morts

Autorisation préfectorale du 28 août 1923

Localisation : Place de l'église

Texte de l'épitaphe :

Aux enfants de Sailly
morts pour la patrie
1914-1918


Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
ont droit qu'à leur tombeau la foule vienne


Date d'inauguration : Dimanche 6 juillet 1924

Architecte :
Max Monnoyer, architecte à la Madeleine, principal maître d'ouvrage de la reconstruction de Sailly-sur-la-Lys

Matériaux employés :
Pierres de Marquise fournies par la société des carrières de la Vallée Heureuse (Hydrequent-Rinxent)

Coût et financement : 22029, 18 francs

Monument aux morts de Sailly-sur-la-Lys  

Le Pas-de-Calais Hebdomadaire relate l’inauguration du monument dans son édition du 13 juillet 1924 :

La commune de Sailly-sur-la-Lys, dans une grandiose manifestation patriotique, a dignement honoré, le dimanche 6 juillet [1924], la mémoire de 80 de ses enfants, morts au champ d’honneur et des victimes civiles décédées au cours de l’occupation. Le programme de la fête comprenait la remise des drapeaux aux sociétés locales, la messe en commémoration des morts de la guerre et l’inauguration du monument aux enfants de Sailly, morts pour la patrie, inauguration qui avait lieu sous la présidence de M. Stirn, sous-préfet de Béthune, sous la présidence d’honneur de M. le général Gascouin, commandant l’artillerie du 1er corps, accompagné des personnalités politiques de la région, M. Couhé, député, conseiller général du canton de Laventie, M. Duquesne, maire de Laventie, conseiller d’arrondissement.
Sailly-sur-la-Lys, en partie relevé de ses ruines, avait revêtu sa parure de fête. Toutes les maisons, décorées avec autant de goût que d’émulation, offraient un cadre magnifique à cette manifestation unanime de sympathie aux familles éprouvées par la guerre et de reconnaissance aux héros tombés au champ d’honneur. Dans toutes les rues, s’élevaient des fausses portes de feuillages et de fleurs et deux magnifiques arcs de triomphe, parfaits de goût et d’originalité, dus à la générosité des entrepreneurs locaux MM. Debruille et Ménard, s’ouvraient dans la rue principale, aboutissant au monument.
*  *
La remise des drapeaux
En présence du conseil municipal, réuni à la mairie, M. Couhé, député, conseiller général, procéda à la remise des drapeaux à la société des anciens combattants et mutilés et à la compagnie reconstituée des sapeurs-pompiers, et prononça une allocution patriotique.
*  *
La messe
A dix heures, la messe solennelle fut chantée par M. l’abbé Ployart, originaire de Sailly-sur-la-Lys, ex-capitaine de la guerre, chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre. M. le maire de Sailly, entouré de son conseil municipal, M. Couhé, député, les délégations de toutes les sociétés, assistaient à la cérémonie. M. le chanoine Régent, aumônier militaire, officier de la Légion d’honneur, dans un sermon qui fit une profonde impression traita magistralement de l’immortalité de l’âme. Puis, eut lieu la recommandation des morts. La musique communale, dirigée par son excellent chef, M. Broucke, se fit entendre au cours de la cérémonie. A l’issue de la messe, M. le curé de Sailly procéda à la bénédiction solennelle du monument, érigé à l’entrée de l’église et M. le chanoine Régent prononça une vibrante allocution. Les cérémonies religieuses étaient terminées.
*  *
Le banquet
A une heure, dans la salle de l’auberge A la Croix de Sailly, un banquet réunissait plus de deux cent convives. A la table d’honneur, avaient pris place, auprès de M. Boutte, maire de Sailly, M. Couhé, député, conseiller général ; M. Duquesne, maire de Laventie, conseiller d’arrondissement ; M. le chanoine Régent ; M. Couhé-Lebleu, président honoraire du tribunal de Lille ; M. Charles Lebleu, conseiller à la Cour de Douai ; MM. les maires et adjoints des communes voisines, de Lestrem, Fleurbaix, Lorgies, Laventie, Neuve-Chapelle, le conseil municipal de Sailly-sur-la-Lys, les présidents des sociétés participantes ; MM. les architectes et entrepreneurs locaux ; MM. les juges de paix du canton de Laventie.
A la fin du repas, pendant lequel ne cessa de régner la plus franche cordialité, M. Stirn, sous-préfet de Béthune, et M. le général Gascouin, retenus jusque là par d’autres cérémonies, furent accueillis avec les marques de la plu respectueuse sympathie. M. le maire de Sailly, ouvrant la série des toasts, remercia en termes délicats et heureux, les personnalités présentes à la fête et souleva les applaudissements unanimes de l’assistance en saluant M. Couhé, député du Pas-de-Calais, enfant de Sailly-sur-la-Lys, dont la jeune gloire rejaillit sur la commune toute entière. M Couhé, dans une brillante et spirituelle improvisation, répond à M. le maire, remercie les organisateurs de la fête et du banquet si particulièrement réussi et, brossant un tableau magistral de la situation actuelle, en tire les conclusions nécessaires pour que le sacrifice de nos héros ne soit pas inutile. M. Stirn, sous-préfet de Béthune, qui se défend de vouloir faire un discours, mais, qui sait en quelques mots, dire beaucoup de choses aimables pour tous, termine en portant la santé de M. Doumergue, président de la République.
*  *
L’inauguration
Après avoir passé en revue les sociétés prenant part à la fête, sociétés locales de musiques, de sapeurs-pompiers, d’anciens combattants, sociétés voisines de Fleurbaix, de Laventie, d’Estaires, Le Doulieu, Neuve-Chapelle, Stenwerck, le cortège officiel se rend au monument et prend place sur une estrade.
Le monument, dû à l’inspiration de M. Monoyer, architecte de la reconstitution de Sailly, est tout à fait remarquable. Il se compose d’une stèle, portant une épée tournée vers la terre et u hémicycle sur lequel sont gravés les noms des victimes de la guerre avec en exergue les vers classiques :
Ceux qui pieusement sont morts, etc. M. Ménard, président du comité d’érection, remet le monument à l’administration municipale. M. Boutte, maire, remercie le comité et prononce un discours patriotique très applaudi. M. Delettrez, ancien combattant, fait l’appel des morts. M. Couhé, député, en termes d’une haute élévation, salué la mémoire des héros tombés au champ d’honneur, tire les grandes leçons qui se dégagent de leur sacrifice, librement consenti et associe à leur gloire, la mémoire de M. Henri Lebleu, maire de Sailly pendant l’occupation, et de M. l’abbé Allart, curé de Sailly en 1914, dont la conduite héroïque fut un réconfort puissant pour la population.
M. le général Gascouin rappelant l’agression de l’Allemagne, et la durée de la guerre, due à notre manque de préparation, rend hommage aux morts, hommage qu’il veut plus viril que les larmes, et exhorte l’assistance à comprendre la nécessité d’une préparation sérieuse pour éviter le retour des horreurs de la guerre moderne.
M. Stirn, sous-préfet de Béthune, s’associe aux précédents orateurs, pour rendre hommage aux morts, il rappelle le travail accompli depuis l’armistice, et dans une éloquente évocation du soldat républicain, glorifie ceux qui sont tombés pour que vive la France et la République.
La musique municipale et un groupe de jeunes gens de la commune exécutent l’hymne aux morts de Victor Hugo, qu’écoute religieusement l’assistance, puis a lieu la dislocation. Cette belle et inoubliable manifestation se termine par l’exécution très applaudie de concerts, donnés par les musiques participantes, sur différents kiosques érigés sur plusieurs points de la localité.



Les autres lieux de mémoire de la commune

  - Sailly-sur-la-Lys Churchyard. Le village fut touché en octobre 1914 lors des combats entre la cavalerie française, l'infanterie britannique et allemande. Le village a  été capturé par les allemands le 9 avril 1918 qui le tinrent jusqu'en septembre. Le cimetière a été utilisé par les troupes de novembre 1914 à avril 1915, puis de nouveau en avril 1918. Il fut également utilisé par les troupes allemandes. Contient les tombes de 48 soldats du commonwealth tombés durant la Grande Guerre et une tombe d'un soldat de la seconde guerre mondiale. La partie britannique a été aménagée par A.J.S. Hutton.

   - Sailly-sur-la-Lys Canadian cemetery (route de Lille à Saint-Omer, lieu-dit le Boitiau, superficie : 2345 m2). Cimetière utilisé par les troupes canadiennes en mars 1915, puis en juillet 1916. Contient les tombes de 313 soldats britanniques et un soldat allemand. Cimetière aménagé par sir Herbert Baker.

   - Anzac Cemetery (route de Lille à Saint-Omer, lieu-dit le Bac Lévêque, superficie : 1988 m2). Cimetière ouvert par les unités australiennes en juillet 1916 juste après la bataille de Fromelles. Contient les tombes de 320 soldats tombés au cours de la Grande Guerre, ainsi que 11 tombes de la seconde guerre mondiale. Cimetière aménagé par Sir Herbert Baker.

   - Cimetière militaire allemand (route de Lille à Saint-Omer. Lieu-dit le Rond Bonnet. Superficie : 1 ha 23 a 31 ca). Contient les corps de 5496 soldats allemands (dont 201 soldats non identifiés, 27 tombes de soldats de confession israëlites). Cimetière ouvert en avril 1918 et utilisé jusqu'en août par les troupes allemandes. Après 1920, les autorités françaises y ajoutèrent des corps de soldats retrouvés dans les environs. Les hommes qui reposent ici participèrent principalement aux batailles des secteurs d'Armentières et Estaires.

Le journal le Réveil du Nord rapporte la construction d’un monument commémoratif allemand dans le cimetière allemand de Sailly-sur-la-Lys dans son édition du 5 juillet 1932 :
Sur la route d’Armentière à Merville, nombreux sont les cimetières militaires. En ce sol de Flandres reposent des milliers de Français, de Britanniques, d’Allemands, qui tombèrent frappés à mort au cours de la dernière guerre. Les lieux funèbres anglais sont de pierres blanches, ceux des Allemands se révèlent par une multitude de croix noires.
A la sortie du village de Sailly-sur-la-Lys, l’un de ces derniers est en pleine transformation, l’édification d’un mur de pierres roses, tranchant vivement sur le noir des croix de bois, attire les regards. Là, dorment pour l’éternité 5460 soldats et au centre du cimetière un sculpteur sur une pierre de taille, grave en ce moment les noms des morts qui gisent en pays étrangers. Sur les faces du monument sont également inscrits en deux langues, allemand et français : « ici reposent des soldats allemands 1914-1918 ».




Sources :
- Archives départementales du Pas-de-Calais, 2 O 736/3*, 1 W 23333, 1 W 49531-49532
- Inauguration du monument : le Pas-de-Calais hebdomadaire, 13/07/1924 ; l'Avenir d'Arras, 06-07/07/1924

- Commonwealth War Graves Commission
-
Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge e.V
- Photographie du monument aux morts par Loïc Vasseur, Vice président de l'association L'Alloeu Terre de Batailles 1914-1918 http://latb14-18.oldiblog.com/
- Pour les morts en Afrique du Nord : Louis Mortreux, les héros de l'oubli, 1952-1962, hommage aux militaires du département du Pas-de-Calais morts au champ d'honneur en Algérie-Tunisie-Maroc
- Site Internet Mémoire des Hommes (fichier des morts pour la France)







S'il vous plaît d'utiliser les informations de ce site pour un usage quelconque, merci de faire mention de vos sources

Sailly
Liste consolidée
Mort en Afrique du Nord :
PEULCA Jacques-Pierre-Arthur, né le 26 octobre 1936 à Nieppe, célibataire, sergent à la 11e demi brigade de parachutistes de choc, mort pour la France le 13 mars 1961 à Alger hôpital militaire Maillot (Algérie) des suites de blessures reçues dans un accident

Et aussi :
DESREUMAUX Henri-Désiré-Aimable-Joseph, né le 01/03/1924 à Sailly-sur-la-Lys, domicilié à Sailly-sur-la-Lys, décédé le 27/05/1940 à Sailly-sur-la-Lys au cours d’un bombardement aérien
MEURIN Pierre-Lucien-Joseph, né le 08/08/1935 à Sailly-sur-la-Lys, domicilié à Sailly, décédé le 27/05/1940 à Sailly-sur-la-Lys au cours d’un bombardement aérien il trouva la mort dans la cave du domicile de ses parents