Dimanche dernier eut lieu à Sains, l’inauguration du monument aux morts de la guerre. L’union la plus intime et l’entente la plus cordiale ont régné dans la préparation de cette fête dont la direction fut confiée au zèle encore juvénile de M. le curé de Fressin et au dévouement de Melle Beaurains. Dès samedi matin toute la population était à l’œuvre pour la décoration : des drapeaux flottaient au quatre coins du village, les routes étaient bordées de branchages et de guirlandes de fleurs. Le monument et l’église furent artistiquement décorés, rien enfin ne manquait  l’éclat de cette manifestation. Dimanche à dix heures eut lieu le service célébré pour le repos de l’âme des enfants de Sains tombés à l’ennemi. Des places spéciales furent réservées aux autorités. Les chants préparés par la si dévouée organiste de Fressin furent correctement exécutés. La cérémonie se déroulant dans cette église toute tendue de noir, plongée dans une demi obscurité au milieu d’une foule en deuil entourant un cénotaphe resplendissant de lumières et couvert de fleurs avait quelque chose de lugubre et de grandiose qui s’exprime mieux par une larme que par un mot. M. le curé de Fressin y prit la parole pour montrer le caractère à la fois religieux et patriotique de cette cérémonie. La manifestation du soir fut digne de celle du matin, malgré une légère pluie qui vint y jeter une note plus discordante. Le cortège se mit en route vers 15 heures de l’extrémité du village. On y remarquait la France victorieuse accompagnée de l’Alsace et de la Lorraine, puis Jeanne d’Arc bergère avec les anges qui la sacrèrent chevalier de Dieu et protectrice de la France, suivait un petit groupe d’Alsaciennes et de Lorraines. Quelques jeunes pastoureaux lorrains en costume national précédaient le groupe douloureux et sinistre, glorieux et triomphant des épouses et des sœurs, des mères et des orphelins. Des jeunes filles en écharpes tricolores accompagnaient portant des couronnes destinées à être déposées au pied du monument à l’appel de chaque nom. Le groupe des anciens combattants de Fressin suivait le défilé sous la conduite de son président M. Waulle, dont il serait superflu de refaire l’éloge. On pouvait remarquer parmi les autorités : M. Decréquy, conseiller d’arrondissement qui avait bien voulu accepter la présidence de la fête et M. le capitaine Lagraisse, commandant d’armes d’Hesdin. Après la bénédiction du monument donnée par M. le curé de Fressin assisté de M. le curé de Créquy, devant un auditoire de 1000 à 1200 personnes, M. l’abbé Lesenne, supérieur de l’institution Saint-Bertulphe à Fruges, traduisit en termes pathétiques l’histoire des soldats de la grande guerre. M. Decréquy, M. le maire de Sains, prirent ensuite la parole pendant qu’entre temps les enfants des écoles entonnaient des refrains de circonstance. M. le curé de Fressin a terminé la cérémonie par le chant du De Profundis ; les habitants de Sains garderont le plus agréable souvenir de cette fête d’union.