Localisation : Au carrefour des routes
de Béthune et de Lens
Conflits commémorés
: 1914-1918, 1939-1945,
fin de la guerre d’Algérie
Marbrier : Etablissement CORDIER
Date d'inauguration
: 13 avril 1925, puis juillet 1948
Texte de la dédicace :
Morts pour la Patrie
1914-1918
Descriptif :
Poilu tenant un drapeau dans sa main gauche
et un drapeau dans sa main droite
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Liste des noms inscrits au monument
aux morts :
1914-1918
:
BAJEUX Jean
ARVEL Charles
BERTIN Gaston
BEUGNET Lucien
BOULNOIS Victor
CATTELET Alfred
DELASSUS Paul
DUCATEZ Melchior
DUMONT Emile
GORLIER Fidèle
HEMERY François
TESSIER Etienne
BERNOIT Alphonse
CATELET Amédée
DELATTRE Léon
MEHAY Georges
SENECHAL Nicolas
CRESSON Robert
DUCATEL Edmond
LEGRAND Antonin
DARRAS Louis
DELANNOY Alphonse
GARIN Méry
MENIOT Charles
Victimes
civiles :
Mme LECLERCQ Alexandre
Mme PLOUVIER BLANCHARD
LALLART Alfred
Mme LEROUX LEMOINE
MERCIER Pierron
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Photos émaillées
situées sur la fût gauche du monument
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Sur
une stèle en béton :
1939-1945 :
COUTEAU Charles
DELASSUS Fernand
DURIEUX Marcel
NIVELLE Octave
LOUCHET Georges (fusillé)
HUYVAERT Gérard (STO)
MICHELIN Abel
NIRET Jules |
Voici l'inauguration du monument
aux morts de Quéant rapportée par le journal le Pas-de-Calais
(hebdomadaire) du 19 avril 1925 :
Une cérémonie imposante
par l’ampleur et le recueillement du cortège
Avec la foule des anciens combattants, par une belle après-midi,
lundi du Pâques 13 avril 1925, sous les arcs de triomphe, parmi les
fanfares, nous avons gravi cette côte fameuse de Sainte-Catherine qui
pour tant de nos camarades fut au cours des cinq années de guerre,
une voie douloureuse, car s’ils la montèrent, ils ne la redescendirent
pas. Morts au champ d’honneur, ils reposent aujourd’hui dans le cimetière
de Lorette. C’est pour honorer leur mémoire, commémorer leur
sacrifice, plus particulièrement de ceux de la commune de Sainte-Catherine
où avait lieu l’inauguration du monument, que nous étions
groupés dans cette localité si éprouvée de la
banlieue d’Arras, qui a reçu, en récompense de sa vaillance
sous les bombardements, la croix de guerre.
Ils furent 25 de Sainte-Catherine qui, partis à l’appel de la
Patrie en danger, le 2 août 1914, ne revinrent point [liste des victimes
militaires]
Leurs noms sont gravés sur un monument de belle allure représentant
un soldat de la Grande Guerre, tenant de la main droite son fusil et de
la gauche un drapeau. Il est dû au ciseau de M. Beretta, de Carrare.
Le socle est de M. Platel, d’Arras. Il s’élève face à
la route nationale, et se trouve adossé à la partie droite
de l’édifice quand l’église sera reconstruite.
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La cérémonie religieuse
A 9 h 15 à la Croix de grès, la municipalité recevait
la société des Orphéonistes d’Arras et la fanfare
de l’orphelinat Halluin qui devaient rehausser par leur précieux
concours la cérémonie religieuse. Aussitôt après
fut déposée une magnifique gerbe au cimetière anglais
par les anciens combattants et M. Torris, le très distingué,
très dévoué et très estimé maire de
Sainte-Catherine.
Une messe solennelle suivit, célébrée
à 10 heures en l’église provisoire par M le chanoine Vaillant,
croix de guerre, ancien curé de la paroisse. Après l’évangile,
M. l’abbé Briche, curé de Saint-Laurent-Blangy, prononça
une impressionnante allocution empreinte des plus hauts sentiments chrétiens
et patriotiques. Orphénoniste d’Arras et fanfare de l’orphelinat
Halluin exécutèrent un programme musical magnifique. Enfin,
à 11 heures, en cortège, la foule qui avait assisté
très nombreuses à la messe, se rendit au pied du monument.
La fanfare de l’orphelinat Halluin interpréta un hymne aux morts
de grand style, dirigé par cet excellent musicien qu’est M. Hippolyte.
Le programme de la matinée avait été exécuté
de point en point dans le recueillement le plus parfait.
* *
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L’inauguration
Un clair soleil printanier donna tout leur lustre aux abondantes et riches
décorations, fausses portes, arcs de triomphe, banderoles, oriflammes,
drapeaux qui garnissaient et ornaient la route nationale où devait
circuler le cortège.
Celui-ci se forma à la croix de grès à 14h30. Il
était imposant. Nous avons noté les sociétés
suivantes :
Fanfare, sapeurs-pompiers et anciens combattants de Bailleul-Sir-Berthoult,
sapeurs-pompiers et anciens combattants de Duisans, sapeurs-pompiers de
Carency, anciens combattants d’Athies, sapeurs-pompiers d’Agny, union musicale
de Berneville, anciens combattants et sapeurs-pompiers de Dainville, anciens
combattants et société d’escrime de Feuchy, sapeurs-pompiers
de Tilloy, société de tirs de Roclincourt, fanfare et sapeurs-pompiers
de Souchez, anciens combattants et société de gymnastique
d’Achicourt, sapeurs-pompiers et anciens combattants d’Anzin-Saint-Aubin,
anciens combattants et secours mutuels de Saint-Laurent-Blangy, sapeurs-pompiers
et société de gymnastique d’Arras, mutilés de Neuville-Saint-Vaast,
fanfare et anciens combattants de Thélus, sapeurs-pompiers, société
de secours mutuels et société colombophile de Saint-Nicolas,
société mutuelle Aide et Protection d’Arras, médaillés
militaires d’Arras, anciens prisonniers de guerre d’Arras et environs,
amicale des mutilés d’Arras, délégation de l’UNC d’Arras,
fanfare d’Achicourt, enfants des écoles, groupe de jeunes soldats,
anciens combattants de Sainte-Catherine, la fanfare de l’orphelinat Halluin.
Viennent ensuite les autorités : M. Torris, maire ; M. Dumur,
adjoint ; le conseil municipal de Sainte-Catherine ; M. Gerbore, vice-président
du conseil de préfecture ; le capitaine Maire, du 3e Génie,
représentant le commandant d’armes de la place d’Arras ; MM. Doutremépuich,
conseiller général, Gernez, conseiller d’arrondissement ;
Scailliérez, conseiller d’arrondissement, membre et délégué
du comité départemental de l’UNC ; Couhé, député
; Pecqueur, maire de Roclincourt ; Gheerbrant, maire de Saint-Nicolas ;
Wache, maire d’Achicourt ; Deneuville, deuxième adjoint au maire d’Arras
; l’abbé JM Laroche, aumônier de l’hôpital Saint Jean
à Arras ; le chanoine Vaillant, l’abbé Mersanne, curé
de Sainte-Catherine, etc.
Le cortège se déroula dans un ordre merveilleux, devant,
une quadruple rangée de personnes non seulement de la localité,
mais d’Arras et des communes suburbaines. Son organisation, comme celle
de toute la journée, avait été judicieusement élaborée
par un groupe de dix anciens combattants que dirigeait le sympathique M.
Marcel Olivier.
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*
Le défilé terminé,
la foule se massa devant le monument qu’encadraient de nombreux drapeaux
de société. Bouquets, gerbes, couronnes sont déposés
autour du socle. La sonnerie du garde à vous retentit ; le voile
tombe ; le monument apparaît tandis que les clairons sonnent Aux Champs.
M. Taillard, délégué des anciens combattants de
Sainte-Catherine, fait l’appel des 25 morts. La fanfare d’Achicourt exécute
la marche funèbre de Chopin.
Le premier orateur est à la tribune. C’est M. Taillard. Il apporte
aux camarades tombés glorieusement le salut des survivants. Il invite
l’assistance à continuer cette union et cette fraternité
toujours nécessaire entre tous les Français.
Puis, M. Torris, maire, prononce ce discours :
« au nom des soldats français morts pour la patrie dont
on vient à l’instant de raviver dans vos cœurs l’inoubliable souvenir.
Au nom de la population toute entière de la commune réunie
autour de leur monument ; j’adresse un cordial merci aux organisateurs de
cette journée, à vous, M. le député, M. le délégué
du préfet, MM. les officiers représentants les armées
de sa majesté britannique et de la république française,
à vous, M. le conseiller général, aux élus,
à ces sociétés qui sont venues de toutes part avec
les anciens combattants prouver leur reconnaissance envers ceux qui, de
leur vie, ont payé notre liberté.
Et d’abord à ceux qui sont morts pour la patrie et que nous fêtons
aujourd’hui en érigeant ce monument qui doit perpétuer à
jamais leur souvenir parmi les générations futures. A eux,
notre pieux hommage de reconnaissance sans borne ; à leurs familles
nos plus sincères, nos plus cordiales condoléances.
Mais comme il faut que le sacrifice de ces innombrables martyrs ne soit
pas perdu, et ne se renouvelle plus, c’est à vous, anciens combattants
qui restez, qu’il appartient de garder les fruits de leur victoire, de
votre victoire. Comment ? Vous venez de l’entendre dire par le délégué
des anciens combattants de Sainte-Catherine : par l’union et la fraternité
entre tous les français. Cette victoire, vous avez su pendant la
guerre, par votre métier, par votre abnégation, votre courage
et grâce aussi à la magnifique et complète solidarité
de tous autour du drapeau français. Cette solidarité, je vous
en supplie, conservez-la. Toutes les religions et la république elle-même
vous commandent la fraternité.
L’union fraternelle c’est une nécessité de la grandeur
d’un pays, parce qu’elle en a fait la vie, la force, la sécurité.
Certes vous avez gagné la guerre, mais la paix ?
Quand la mer déchaînée ronge le sol, chavire les
bateaux, ballotte les naufragés sur ses flots en furie, tous les
marins qui sont à terre, tous, vous m’entendez bien, vont à
leur secours. Dans l’eau glacée jusqu’au menton, ils font la chaîne
pour arracher les victimes à la mort. Ils font cela d’eux-mêmes,
au péril de leur vie, spontanément, simplement, naturellement
par devoir.
Quelle admirable et précieuse solidarité, mais aussi quelle
joie, quels résultats, tous sauvés. Voilà ce que fait
l’union fraternelle, elle sauvegarde la vie de tous.
L’union fait aussi la force, mais la force elle, ne se discute pas, on
la crée ou on l’entretient si elle existe. Elle engendre la confiance
en soi-même et fait naître la crainte chez l’ennemi d’autant
qu’elle est plus nombreuse, plus disciplinée et mieux armée.
Messieurs, cette confiance et cette
crainte qui donne la force, mais vous en avez l’exemple en petit parmi
vous. Cette tranquillité du cultivateur qui quitte se demeure avec
tous les siens, pour s’en aller aux champs, qui, la nuit, dans l’isolement
de la campagne, repose en paix, n’est-elle point due en grande partie à
la crainte qu’inspire son gardien, le molosse aux crocs puissants et à
l’attention toujours en éveil qui veille à la défense
de son patrimoine, de sa petite patrie. Et bien messieurs je vous le répète,
avez-vous gagné cette sécurité, avez-vous gagné
la paix ? Non, mais j’ajoute sans hésiter que si vous savez vouloir
être unis, confiants et forts, vous vivrez en sécurité
et vous la gagnerez, surtout si à cette volonté inébranlable
vous savez allier les qualités, toujours vraies quoiqu’on en dise,
de bonté, de cœur et d’idéalisme de l’âme française,
championne des causes justes, au secours de laquelle sont venus tous les
peuples de la terre.
Vous continuerez ainsi pacifiquement mais sûrement l’œuvre de nos
morts et l’on pourra dire de vous comme eux : ils ont bien mérité
de la patrie. »
M. Doutremépuich, conseiller général, apporte un
chaleureux hommage aux grands morts et à toutes les victimes de la
guerre. Pour elles, mutilés, veuves, orphelins, les pouvoirs publics
n’auront jamais trop de témoignages de reconnaissance. Il met ensuite
l’assistance en garde contre l’esprit de revanche des allemands qui se manifeste
de mille et mille façons.
M. Gernez, conseiller d’arrondissement, exprime les mêmes sentiments
d’admiration pour nos héros et de méfiance à l’égard
de nos ennemis.
M. Couhé, député, déclare que la cérémonie
de ce jour n’est pas une fête de plaisir, mais une occasion de rappeler
publiquement et solennellement la mémoire de nos morts. Leur culte,
dit-il, doit être entretenu. C’est un devoir sacré et nous
puiserons dans son accomplissement l’énergie indispensable pour travailler
au relèvement de la France. Demeurons unis, faisons taire toutes
les voix égoïstes qui se lèvent en nous ? Plaçons
l’amour de la patrie au-dessus des rancunes et des querelles personnelles,
songeons que le danger est à notre porte.
M. Gerbore enfin, qui représente si bien la préfecture,
comme vice-président du conseil de préfecture, l’âme
artésienne, évoque quelques épisodes tragiques du long
martyre d’Arras et de sa banlieue pendant la guerre de 1914-1918. Il adresse
toute sa sympathie aux familles en deuil et aux vaillants sinistrés.
Les discours sont terminés et aussi quelques instants plus tard
la grandiose cérémonie par l’exécution de l’hymne
national et de l’hymne aux morts par toutes les sociétés
de musique.
Grands morts de Sainte-Catherine, vos concitoyens, municipalité
en tête, vous ont rendu par l’érection d’un monument un éclatant
hommage.
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Les autres lieux de mémoire
de la commune
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- Plaque paroissiale
aux victimes de la Grande Guerre. Plaque inaugurée en novembre
1921, "la messe fut célébrée par l'abbé
Gabriel Laroche, vicaire à Saint-Jean-Baptiste, pour le repos de
l'âme des soldats de Sainte-Catherine, Roclincourt et Ecurie
(...) Après l'évangile, l'abbé Barbier, directeur
au collège Saint-Joseph et aumônier de la jeunesse catholique,
adressa aux héros tombés pour la patrie, un souvenir ému".
Plaque éxécutée par la maison Bouchez-Béru.
On y lit les noms des 23 soldats et des 6 victimes civiles de la commune.
[sources : le Beffroi
d'Arras du 17 novembre 1921]
- Stèle à la mémoire
de René LANNOY, située sur la route de Lens. Dédicace
: "Ici est mort accidentellement le 14/12/1944 René Lannoy
"Gilbert" Lieutenant colonel FFI, Fondateur du Front national de lutte
pour la libération et l'indépendance de la France".
- A l’entrée du cimetière
communal, les tombes des 6 aviateurs tués à la briqueterie
Mercier.
- Sainte-Catherine
British Cemetery (chaussée Brunehaut, lieux-dit l'Enclos
Garin et Moulin Bleu, superficie : 1557 m2). De mars
1916 jusqu'à l'Armistice, le village est aux mains des britanniques.
Ce cimetière a été ouvert et utilisé par les
divisions britanniques et les ambulances de campagne stationnées
sur ce côté d'Arras. Près de 300 corps y reposent.
Sources :
- Mairie de Sainte-Catherine
- Commonwealth war graves commission
- Remerciement à Hervé Mailly pour sa photographie
de la stèle René Lannoy
- Site internet Mémoires des Hommes (fichier des morts pour la France)
- La Voix du Nord du 14/07/1948
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