Le Pas-de-Calais hebdomadaire
rapporte l'inauguration du monument aux morts dans son édition du
dimanche 30 novembre 1924 :
La commune de Saint-Laurent-Blangy, située aux abords immédiats
d’Arras a inauguré, dimanche dernier, le monument élevé
à la mémoire de ses enfants tombés glorieusement pour
la défense de la patrie. La cérémonie s’est déroulée
par un temps gris, assez froid, et avait attirée une nombreuse assistance
venue même des localités voisines. Dans les principales rues
de Saint-Laurent-Blangy, entièrement anéanti par la guerre,
mais qui se relève rapidement de ses ruines, grâce au courage
et à la bonne volonté de ses habitants, plusieurs fausses-portes
portant des inscriptions de circonstance avaient été élevées.
Bon nombre d’habitants n’avaient pas manqué non plus de pavoiser leur
demeure et d’arborer le drapeau national.
Le matin à 10 heures, un service solennel eut lieu en l’église
provisoire, sous la présidence de M. le vicaire général
Guillemant. M. l’abbé Briche, curé de la paroisse, chanta l’office
devant une nombreuse assistance, qui ne comptait pas moins de 700 personnes,
parmi lesquelles la plupart des conseiller municipaux et les différentes
sociétés de la commune.
L’harmonium était tenu par M. l’abbé Gournay, qui s’acquitta
merveilleusement de se tâche dans les chants en faux bourdon. M. le
vicaire général Guillemant prononça une touchante allocution,
puis ce fut, à 11 heures, la bénédiction imposante du
monument, auprès duquel la foule se recueillit.
A 11h45, suivit la visite au cimetière communal avec le concours
des sociétés, et ensuite au cimetière britannique ou
une gerbe de fleurs fut déposée. Un colonel anglais, très
touché par la marque de reconnaissance témoignée aux
alliés tombés pour la liberté des peuples sur notre
territoire envahi, prononça un discours qui fut traduit en français
par M. le vicaire général Guillemant. Il dit notamment qu’il
allait informer immédiatement son gouvernement de ce beau geste inoubliable
envers la mémoire de ses compatriotes reposant en terre française.
A 14 heures, le maire, le conseil municipal, M. le curé, et les
différentes sociétés de Saint-Laurent-Blangy, reçoivent
M. Peytral, préfet du Pas-de-Calais, et les différentes autorités
se composant des conseillers d’arrondissement, les maires de communes environnantes,
etc.
Nous avons remarqué : MM. Paris, conseiller général
; Griffiths, président du tribunal de commerce ; Scaillérez,
maire de Feuchy ; Port, inspecteur d’académie ; Lenglart, juge au
tribunal civil d’Arras ; Chenu, inspecteur primaire ; Gheerbrant, maire de
Saint-Nicolas, etc.
Le rassemblement des sociétés se fait ensuite en face de
la mairie, pour la revue par les autorités ci-dessus
A 14h30, chaque groupe, drapeau en tête, s’avance vers le monument
qu’il encercle. En face sont alignés les enfants des écoles.
La sonnerie Aux Champs retentit, puis le voile tombe et les drapeaux s’inclinent.
Après une minute de recueillement, la marche funèbre Hommage
aux morts, par la fanfare de Saint-Laurent-Blangy, et l’Hymne aux morts par
les enfants des écoles, M. Frambry, instituteur en retraite, fait
l’appel des morts, soldats et victimes civiles. Quatre militaires du pays,
en permission, répondaient à tour de rôle : Mort pour
la France.
Le monument. Représente une mère veuve de guerre, tenant
son enfant par la main. Il est en pierre blanche soigneusement sculptée
par l’artiste A. Lesieux. Nous y lisons sur la face principale : Saint-Laurent-Blangy
à ses enfants morts pour la France, 1914-1918. et de l’autre côté,
la citation suivante à l’ordre de l’armée : « Bombardée
par les canons et par avions a été détruite entièrement.
Malgré ses deuils, a fait preuve sous les obus d’une fermeté
et d’une vaillance remarquable JO 24-09-1920».
A la tombée de la nuit, les nombreuses ampoules électriques
aux couleurs tricolores qui entourent symétriquement le monument s’illuminent
et projettent leur auréole de feu sur la statue que tous admirent
avec une profonde reconnaissance en souvenir des héros de la grande
guerre. Les habitants de Saint-Laurent-Blangy ont dignement honoré
leurs morts.
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