Retour
MÉMOIRES DE PIERRE

SOUCHEZ
             
Commune titulaire de la Croix de Guerre 1914-1918 (23 septembre 1920)

Population en 1911 : 1526
             Militaires morts en 1914-1918 : 41 (2,7 %)

Citation de la commune de Souchez au Journal Officiel du 13 août 1920 :

"Complètement détruite au cours des violents combats qui ont immortalisé son nom, a fait preuve malgré ses nombreux deuils, d'un magnifique courage et d'une patriotique fermeté
méritant ainsi la pieuse reconnaissance de la France."


Après la prise de Carency et d’Ablain, les Français tentent de s’emparer de Souchez. La gare, le cimetière, le hameau du Cabaret Rouge et le château de Carleul font l’objet d’attaques répétées. Il faut attendre la seconde offensive d’Artois, à l’automne 1915, pour que le village retombe aux mains des Français. Totalement dévasté, le village est reconstruit avec le concours de la ville de Kensington en souvenir du Royal Kensington qui combattit dans le secteur.


"Nous sommes devant Souchez. Le village a disparu. Jamais je n'ai vu une telle disparition de village. Ablain Saint-Nazaire et Carency garde encore une forme de localité, avec leurs maisons défoncées et tronquées(..) Ici, dans le cadre des arbres massacrés - qui nous entourent au milieu du brouillard - plus rien n'a de forme : il n'y a même pas un pan de mur, de grille, de portail qui soit dressé, et on est étonné de constater qu'à travers l'enchevêtrement de poutre, de pierres et de férailles, sont des pavés : c'était ici une rue".
Henri BARBUSSE, Le Feu, chapitre XII Le portique

 
Monument aux morts


Localisation :
Place de la Mairie

Conflits commémorés :  1914-1918, 1939-1945, Algérie

Marbrier : Maurice WIART (Aubigny-en-Artois)

Texte de l'épitaphe :
Souchez à ses glorieux morts
1914-1918

Liste des noms inscrits au monument aux morts :

1914-1918, victimes militaires :

1914 :
PLAETE Henri  23 Août Caporal
LALLART Adolphe  30 Août
DERVIEAU Elia  6 Septembre Caporal
LALLART Honoré  10 Septembre Caporal
MARCHAND Jean  20 Septembre Lieutenant
ROBILLARD Ernest  23 Septembre

1915 :
OLIVIER Veret  4 Mars*
DELALE Amédée  8 Mars Sergent
PUCHOIS Louis  9 Mars
FORGEOIS Georges 9 Mars
MARCON François  9 Mars
DAUSQUE Joseph  9 Mars Caporal
MARCON Augustin 1er Mai
DUQUESNOY Augustin 6 Mai
HUCQUEDIEU Émile  9 Juin Sergent
VERDIERE Jules  27 Septembre
DUCHATEAU Joseph  6 Octobre
GRAUX Hector  10 Novembre
DELABRE Antoine  14 Novembre
1916 :
LEBAS Henri  27 Février
PENIR Alfred  2 Mars
CARRE Émile  6 Juillet
BONNEL Clovis  9 Juillet
CREPIN Elisée  20 Août
ANNEQUIN François  18 Octobre
BERDOU Aristide  23 Octobre
ROBILLARD Henri  1er Novembre
DACHY Charles  29 Novembre
PLOUVIER Maxime  17 Décembre Sergent

1917 :
GALVAIRE Edouard  14 Mars
ROBILLART Marius  16 Avril Caporal
LEBAS Victor  26 Mai
GRAUX Jules  31 Mai Maréchal des Logis
LALLART Henri 1er Juillet
MORICE Gaston  14 Juillet Caporal
LALLART Charlemagne 8 Novembre



* il s'agit de VERET Olivier (erreur sur le monument)



1918 :
LALLART Gaston  6 Avril
MARTIN Auguste  30 Mai
PUCHOIS Joseph  31 Mai
DEVILLERS Georges  2 Juin
DELANNOY JULES  28 Juillet


voir liste consolidée

                                 

1914-1918, victimes civiles :

Liste transcrite par T. Szalamacha d'après le monument :
1914 :
TISON Désiré Fusillé  5 Octobre
COUPIN Elie  12 Novembre
LALLART Philippe  27 Décembre

1915 :
CRETEL Marthe  8 Janvier
FLANDRIN Laure  13 Janvier
ESTELLA Bliaux  26 Janvier

1920 :
FREVILLE Léon  17 Octobre

Liste fournie par la mairie au début des années 2000 :
BERNARDIN "Soeur" Marie
COPIN Elie
CORROYER Arthur
Mme COURMONT
CRETEL Marthe
DEFONTAINE Daniel
DELEHELLE Rémy
DEVINCK Maria
DURANEL Ernest
FLANDRIN Laure
FLOUR
Mme HENNEBIQUE
HERMANT Louis
LALLART Ghislain
Mme LEDUC
LENGLOS Désiré
TOULOUSE Théodule
TESSIER Désiré
1939-1945, victimes militaires :
DELABRE Henri
THERAGE René Sergent Aviateur
WILLEBROUK André Caporal
Victimes civiles : 
POTIER Bernard
LEHU Jules
PRUVOST Marc
Algérie :
GALVAIRE Claude
DEHAY Raymond



Les autres lieux de mémoire de la commune

     -  Monument à la gloire de la division Barbot

     - Mémorial départemental des anciens combattants d'Afrique du Nord

     - Plaque aux morts de la paroisse, plaque Jean-Louis JORDAN et mobilier du culte

     -  Centre Européen de la Paix. Le centre présente une exposition permanente, des expositions temporaires. Il est aussi un espace d'accueil et d'information. Ouvert tous les jours de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, fermé le dimanche matin.

     -  Cabaret Rouge British Cemetery. Cimetière britannique de Cabaret Rouge (route d'Arras à Béthune, lieu-dit le Corroy, superficie : 2 ha 40 a 46 ca): ce cimetière fut établi en mars 1916 et utilisé jusqu’à la fin de la guerre. Aujourd’hui 7.645 soldats y reposent dont 742 Canadiens., 115 Australiens. Après l’Armistice, on y regroupa près de 7.000 tombes (soldats tombés pour la plupart durant les batailles d’Arras).

     - Cimetière Canadien de Givenchy-en-Gohelle : Construit par le Canadian Corps (sous le nom CD 20) au milieu des tranchées allemandes en mars 1917 et utilisé jusqu’en mai. 167 soldats y reposent dont 144 Canadiens.

     - Cimetière de la Vallée des Zouaves (chemin des Ecouloirs, lieu-dit les Ecouloirs, superficie : 1641 m2): Construit en 1916 et fermé en juin 1917. 233 soldats y reposent dont 93 canadiens.

"Je suis allé avec le cinquième bataillon au talus des Zouaves. Ce talus pris dans notre attaque du 28, atteint par les Zouaves dans l'attaque du 7 (…) Le ravin et les talus qui s'étendent sur plusieurs kilomètres de longueur ne sont plus qu'une vaste nécropole. Partout des cadavres momifiés, squelettiques, réduits à l'état de petits tas mêlés de boue rougeâtre".

Henri BARBUSSE, Carnet de guerre

     -  King's Cross Military Cemetery. Cimetière utilisé par les troupes françaises durant la première guerre mondiale. On y trouve également les tombes de 6 soldats canadiens tombés en avril 1917 ?


Alain Dubois, visiteur du site Mémoires de Pierre, nous livre une photographie intéressante
qui montre l'alignement du mémorial départemental des victimes d'Afrique du Nord,
avec le monument au général Barbot et la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette
Souchez AFN, Barbot et Lorette


Sources :
- Mairie de Souchez
- Transcription des noms par Thadée Szalamacha (mai 2008)
- Commonwealth war graves commission
Pour les morts en Afrique du Nord : Louis Mortreux, les héros de l'oubli, 1952-1962, hommage aux militaires du département du Pas-de-Calais morts au champ d'honneur en Algérie-Tunisie-Maroc
- Site Internet Mémoires des Hommes (Fichier des morts pour la France)






Si il vous plaît d'utiliser les informations de ce site pour un usage quelconque, merci de faire mention de vos sources



Souchez
Liste consolidée
1914-1918, victimes militaires :
ANNEQUIN François

BERDOU Aristide (Aristide-Joseph. Né le 31/10/1897 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 4e régiment mixte de zouaves et tirailleurs. Mort pour la France le 26/10/1916 à Verdun (Meuse), tué à l’ennemi)[transcription de l’acte le 15/07/1917 à Beauchamp, Manche]

BONNEL Clovis (Clovis-Benjamin. Né le 01/11/1887 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 245e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 09/07/1916 àl’hôpital central de Bar-le-Duc (Meuse), blessures)

CARRE Emmanuel

DACHY Charles (Charles-Joseph. Né le 29/10/1882 à Ablain-Saint-Nazaire. Soldat de 2ème classe au 145e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 29/11/1916 à Oberhausen dans le puit 4/5 de la mine Concordia (Allemagne), accident survenu en captivité)

DELALEE Amédée (Amédée-Arthur-Joseph. Né le 08/07/1881 à Souchez. Sergent au 33e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 08/03/1915 à Saint-Jean-sur-Tourbe (Marne), tué à l’ennemi)

DERVIEAU Elia (Elia-Léo-Ferdinand. Né le 10/04/1888 à Souchez. Caporal au 84e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 06/09/1914 (Marne), tué à l’ennemi)

DELANNOY Jules (Jules-Victor-Joseph. Né le 16/02/1895 à Lillers. Soldat de 2ème classe au 404e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 28/07/1918 à l’hôpital d’évacuation 36 (Oise), blessures)

DUCHATEAU Joseph
DUQUESNOY Augustin (Auguste. Né le 14/11/1889 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 127e régiment d’infanterie 8e compagnie. Mort pour la France le 06/05/1915 à Jonchery-sur-Vesles (Marne), blessures)

DAUSQUE Joseph

DEVILLERS Georges (Georges-Joseph. Né le 21/05/1894 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 401e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 02/06/1918 à Soissons (Aisne), disparu)

DELABRE Antoine (Antoine-Louis-Joseph. Né le 25/11/1883 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 63e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 14/11/1915 à Thélus (Pas-de-Calais), tué à l’ennemi)

FORGEOIS Georges (Georges-Henri-Joseph. Né le 24/05/1890 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 33e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 09/03/1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne), tué à l’ennemi)

GALVAIRE Edgard (Edgard-Joseph. Né le 09/10/1890 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 15e régiment d’artillerie de campagne. Mort pour la France le 14/03/1917 à l’hôpital Lariboisière (Paris), maladie consécutive à une blessure reçue à l’ennemi)

GRAUX Jules (Jules-Ernest. Né le 08/03/1884 à Bully-Grenay. Maréchal des logis au 275e régiment d’artillerie de campagne. Mort pour la France le 31/05/1917 à Bouy (Marne), tué à l’ennemi par éclat d’obus)

GRAUX Hector (Hesctor-Henri. Né le 15/09/1888 à Bully. Soldat de 2ème classe au 327e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 10/10/1915 à l’ouest de la ferme Navarin près de Souain (Marne), tué à l’ennemi)[transcription de l’acte à Angres le 01/05/1920]

HUCQUEDIEU Emile (Est-ce Emile-Louis-Joseph. Né le 26/01/1881 à Delettes. Sergent au 37e régiment d’infanterie 10e compagnie. Mort pour la France le 09/06/1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), tué à l’ennemi)[transcription de l’acte à Arras le 28/07/1916]

LEBAS Victor (Né le 11/12/1896 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 101e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 26/05/1917 au secteur du mont sans-nom (Marne), tué à l’ennemi)[transcription de l’acte à Thiers (Puy-de-Dôme) le 22/08/1917)

LEBAS Henri (Henri-Joseph. Né le 15/10/1880 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 233e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 27/02/1916 à l’hôpital d’évacuation 6 de Baleicourt (Meuse), blessures)

LALLART Honoré (Né le 02/04/1888 à Souchez. Caporal au 84e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 10/09/1914 à l’hôpital de Rumilly-sur-Seine (Aube), blessures)

LALLART Henri (Né le 31/03/1896 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 117e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 01/07/1917 à l’hôpital temporaire 7 de Châlons-sur-Merne (Marne), tué à l’ennemi)[transcription de l’acte à Barlin le 01/07/1917]

LALLART Charlemagne (Charlemagne-Guislain. Né le à01/09/1890)

LALLART Gaston

MARCHAND Jean (Jean-Baptiste-Alfred-Joseph. Né le 13/01/1886 à Souchez. Lieutenant au 216e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 20/09/1914 à Vingré (Aisne), tué à l’ennemi)[transcription de l’acte à Saint-Etienne, Loire, le 16/04/1915]

MARCON Augustin (Augustin-François. Né le 07/08/1882 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 233e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 01/05/1915 à l’hôpital d’évacuation d’Epernay (Marne), blessures)

MARCON François (Né le 23/09/1888 à Souchez. Mort pour la France le 26/03/1915 à Beausjéour (Marne), tué à l’ennemi)

MARTIN Auguste (Né le 29/01/1895 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 127e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 31/05/1918 (Aisne), tué à l’ennemi)

MORICE Gaston (Gaston-Onésime. Né le 29/09/1895 à Souchez. Caporal au 324e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 14/07/1917 (Marne), tué à l’ennemi par balle)

PENIR Alfred (Alfred-Louis-Joseph. Né le 03/02/1890 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 33e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 02/03/1916 à Douaumont (Meuse), tué à l’ennemi)

PLOUVIER Maxime (Maxime-Louis. Né le 30/04/1884 à Souchez. Sergent au 401e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 16/12/1916 à Hardaumont devant Damloups (Meuse), tué à l’ennemi) [transcription de l’acte à Hermin le 04/04/1917]

PLAETE Henri (Né le 10/05/1887 à Bailleul (Nord). Soldat de 2ème classe au 273e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 22/08/1914 à Dinant (Belgique), tué à l’ennemi)

PUCHOIS Joseph (Joseph-Louis. Né le 29/03/1894 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 18e bataillon de chasseurs. Mort pour la France le 31/05/1918 à Montreuil-sur-Ourcq (Aisne), tué à l’ennemi)

PUCHOIS Louis (Louis-Elie-Joseph. Né le 13/07/1889 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 127e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 09/03/1915 à l’ambulance 14 de Saint-Jean-sur-Tourbe (Marne), tué à l’ennemi)

ROBILLARD Ernest (Ernest-François-Joseph. Né le 19/01/1891 à Ablain-Saint-Nazaire. Soldat de 2ème classe au 33e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 23/09/1914 à Reims (Marne), Marne)

ROBILLARD Henri (Robillart Henri-Joseph. Né le 14/04/1888 à Souchez. Soldat de 1ère classe au 16e bataillon de chasseurs. Mort pour la France le 01/11/1916 à Sailly-Saillisel (Somme), tué à l’ennemi)

ROBILLART Marius (Marius-Amédée. Né le 17/03/1890 à Souchez. Caporal au 1er régiment d’infanterie. Mort pour la France le 16/04/1917 à Craonne (Aisne), tué à l’ennemi)

VERDIERE Jules (Jules-François. Né le 15/03/1895 à Vimy. Soldat de 2ème classe au 140e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 27/09/1915 à Perthes-les-Hurlus (Marne), blessures)

VERET Olivier (Olivier-Charles-Guislain-Louis. Né le 20/07/1890 à Souchez. Soldat de 2ème classe au 84e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 04/03/1915 à Beauséjour (Marne), tué à l’ennemi)

CREPIN Elisée

Algérie :
GALVAIRE Claude, né le 7 juillet 1938, 2e classe au 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine, mort pour la France le 22 mars 1960 à Cheurfa-Miziana (Algérie)
DEHAY Raymond, né le 16 juin 1938 à Paris (13e), caporal au 2/43e RI, mort pour la France le 8 juillet 1960 (Algérie)

Et aussi :
Nord-Matin 8 mars 1955 :
Les personnes pénétrant dans la salle de la mairie de Souchez, servant de lieu de réception du percepteur ou de réunion des diverses commissions, sont peut-être un peu surprises en y apercevant une grande photographie représentant un zouave, en tenue d’avant 1914, c’est-à-dire avec la large culotte bouffante, le boléro et le chéchia. Il s’agit d’un tout jeune soldat, au frais visage adolescent et paraissant tout heureux d’avoir revêtu l’uniforme d’un des plus glorieux régiments français.
Si l’on s’approche on constate qu’il s’agit de René Leweurs, mort à 20 ans au Ravin des Ecouloirs à Souchez, en septembre 1915, ainsi que l’atteste une petite inscription placée sous la photographie.
Cette photographie rappelle un souvenir et une preuve d’amour maternelle peu commun.
René Leweurs était né en Algérie d’une française, née dans la métropole, et fixée en Algérie alors qu’elle était toute jeune. Elle n’était pas marié lors de la naissance de son enfant, ne se maria jamais et ne donna à personne aucune explication au sujet du père de son enfant.
René Leweurs, incorporé en octobre 1914, prit part aux durs combats d’Artois de 1915, puis disparut lors d’une contre-attaque aux autres combats de septembre 1915, près de la côte 119, au lieu-dit les Ecouloirs, sur le territoire de Souchez. On ne retrouva jamais son corps, ni aucun vestige à son sujet. Longtemps sa mère espéra qu’il était prisonnier, mais elle dut, à la fin de la guerre, se rendre à la triste évidence que son fils avait été tué. Elle abandonna alors l’Algérie et vint se fixer à Souchez dans une toute petite maison. Elle n’était pas riche et ne disposait que de revenus très modestes en dehors de son allocation d’ascendante de guerre. Aussitôt à Souchez, cette mère ce fit indiquer le triste ravin des Ecouloirs et, tant qu’elle ne fut terrassée par la maladie, elle se rendit chaque jour à l’endroit présumé du décès de son fils. Elle cultivait quelques fleurs et chaque jour, pendant la bonne saison, elle allait en jeter une ou deux dans le ravin qui avait pris son fils. Puis elle revenait avec quelques fleurs des champs qu’elle ramassait au même endroit et les conservait religieusement dans sa maison tant qu’elles ne soient fanées. Le terrain du ravin des Ecouloirs avait été classé en zone rouge, et la pauvre femme pouvait y circuler comme elle le voulait. Pendant les mois d’hiver, cette mère peu commune, ne manquait jamais au devoir qu’elle s’était tracé et continuait de se rendre en pèlerinage journalier. Pendant près de trente années, Mme Leuwers a accompli cette promenade douloureuse à son cœur de mère. Elle ne liait jamais conversation avec personne pendant le trajet, ni sur les lieux ; elle voulait rester absolument seule pour penser à son petit zouave. Elle se contentait de dire un rapide bonjour aux personnes qu’elle rencontrait et elle s’éloignait vivement pour ne pas être obligée de parler. D’ailleurs, tous les habitants de Souchez respectaient son silence et la saluaient lors de son passage sans lui adresser la parole. Quand elle dut s’aliter, frapper par la maladie, et qu’elle comprit que bientôt elle allait rejoindre son fils, elle envoya le portrait de son fils à la mairie, en priant le maire de la commune de vouloir bien le conserver dans l’une des pièces de la maison commune. Et c’est pourquoi depuis lors, on voit à la mairie de Souchez, la photographie de René Leuwers, né au pays du soleil, et venu mourir dans les brumes de notre Artois.
Fiche Mémoire des Hommes : LEUWERS René, né le 24/04/1895 à Koléa (Algérie), soldat de 2e classe au 7e régiment de tirailleurs de marche, décédé le 17/06/1915 à Souchez (Pas-de-Calais)