Le journal le Pas-de-Calais
hebdomadaire rapporte l'inauguration du monument aux morts de Vieille-Chapelle
dans son édition du 26 octobre 1924 :
Dimanche a eu lieu la cérémonie d’inauguration du monument
élevé à la mémoire des 21 enfants de la commune
morts au front, et des 23 victimes civiles tombées sous les obus
allemands. La laborieuse cité qui souffrit durablement durant la
guerre, puisque pas un immeuble ne resta debout, avait bien fait les choses.
Partout les drapeaux ornaient les habitations reconstituées,
des fausses portes avaient été dressées dans l’artère
principale. Dans la matinée, à 10 heures, une messe fut célébrée
pour le repos de l’âme des héros. Le conseil municipal, au
complet, ayant à sa tête M. Deschildre, maire, et l’association
des anciens combattants, assistaient au service.
M. l’abbé Biolet, curé, prononça une allocution
de circonstance. A l’issue de la messe, il fut procédé à
la bénédiction du monument érigé dans le cimetière
au pied du calvaire. A trois heures eut lieu la partie officielle de la
cérémonie. Une quinzaine de sociétés des environs
apportaient leur concours. Les vins d’honneur leur furent offerts dans le
baraquement tenant lieu de mairie.
A trois heures et demie, M. Chonion, secrétaire général
de la sous-préfecture, remplaçant M. le sous-préfet,
retenu à Boulogne, fut reçu par le conseil municipal. Il
passa en revue les sociétés, puis le cortège s’organisa
pour gagner le cimetière.
Une très grande affluence se pressait sur la route et vint rejoindre
auprès du monument les groupements dont les drapeaux étaient
assemblés devant la pierre du souvenir. Quand tomba le drapeau
recouvrant la stèle représentant un poilu adossé
à la croix et tenant fièrement le drapeau, il y eut grande
émotion dans l’assistance. Il y eut l’appel des morts ; des fillettes
vêtues de blanc déposèrent des gerbes pour chacune des
victimes de la guerre. La Marseillaise retentit ensuite, puis s’ouvrit la
série des discours.
M. Deschildre, maire, remercia M. Chonion, les sociétés
venues rehausser par leur présence l’éclat de cette fête
de piété. Il remercia les habitants pour la parure donnée
à la commune à cette occasion et il les félicita de
leur générosité qui a permis d’ériger un monument
digne des braves. Rappelant les tristes jours de la guerre, M. Deschildre
insista sur les devoirs que nous avons envers les morts dont il salua l’héroïsme.
M. Salomé, président des anciens combattants, prit ensuite
la parole. Il donna les états de service de chacun des poilus tombés
face à l’ennemi et rappela en quelles circonstances furent tués
les civils. Lui aussi, au nom de ses camarades, parla des devoirs de tous
envers les braves qui ont confié leurs êtres chers à
la Nation. M. le curé, en une délicate allocution, se joignit
aux sentiments déjà exprimés et dit à la foule
qu’à la reconnaissance doit s’ajouter la prière pour ceux
qui ont versé leur sang pour la plus noble des causes.
M. Chonion, après avoir excusé M. le sous-préfet,
dit son admiration envers les soldats qui défendirent jusqu’au
dernier souffle le sol sacré de la patrie. Il salua les glorieux
mutilés et s’inclina devant la mémoire des victimes civiles.
Il assura que la France serait fidèle aux engagements pris envers
ses défenseurs, et termina en rappelant le récent discours
du président de la République en ce qui concerne la reconstitution
complète des cités dévastées. La chorale d’Essars
chanta l’hymne aux morts, puis le cortège se reforma. Il
y eut défilé suivi d’un concert par les sociétés
de musique.
La pluie qui avait menacé se mit à tomber dès
que finit la cérémonie dont les habitants garderons toujours
le souvenir.
Le journal le Réveil du Nord rapporte
l’inauguration du monument dans son édition du 22 octobre 1924 :
La petite commune de Vieille-Chapelle a procédé dimanche
19 octobre à l’inauguration du monument qu’elle a élevé
à la mémoire de ses enfants tombés sur les champs
de bataille pendant la guerre. Pour cette cérémonie, le pays
qui a fait des efforts sérieux pour sa reconstitution, avait revêtu
sa parure des jours de grandes fêtes. De nombreuses portes, portant
toutes des inscriptions en hommage aux héros, avaient été
dressées dans les rues. Une quinzaine de sociétés
de sapeurs-pompiers, d’anciens combattants, de musique de la localité
et des communes environnantes, avaient prêté leur concours
; elles furent reçues à la mairie, où la bienvenue
leur fut souhaitée par M. Deschildre, entouré des membres
du conseil municipal. Un vin d’honneur fut servi, puis elles furent passées
en revue. M. Stirn, sous-préfet, qui devait présider la cérémonie,
ayant dû s’absenter pour se rendre à Boulogne saluer M. Herriot,
président du Conseil des ministres, s’était fait remplacer
par son secrétaire en chef, M. Chomion.
Un grand défilé eut lieu dans les rues de la commune. A
16 heures on procéda à l’inauguration du monument, au pied
duquel de nombreux bouquets avaient été déposés.
Des discours furent prononcés par M. Deschildre, maire de la commune
; par le président des anciens combattants et par M. Chomion, remplaçant
le sous-préfet, qui retracèrent la vaillance et l’héroïsme
des héros qui se sacrifièrent pour le salut de la France.
L’appel des morts fut fait par M. Deschildre, puis l’orphéon d’Essars
entonna l’hymne de Victor Hugo. Quelques concerts donnés par les
sociétés de musique terminèrent cette cérémonie.
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