Le journal la Croix du Pas-de-Calais
rapporte l'inauguration du monument aux morts dans son édition du
17 août 1924 :
Dimanche dernier la population de Vis-en-Artois a honoré la mémoire
de ses enfants au nombre de 31, tombés pendant la guerre pour la défense
du pays. La décoration du village est un régal pour l’esprit
et pour le cœur. Des drapeaux flottent partout, des arcs de triomphe, des
oriflammes aux vives couleurs, et dans cette parure de fête, une foule
nombreuse, ardente et respectueuse à la fois. Le matin, dans l’église
trop petite pour contenir la foule émue qui s’y presse, M. le curé
de la paroisse célèbre une magnifique messe. Puis, après
l’évangile, dans une allocution d’une envolée superbe, il
rappelle la mémoire des héros et retrace leurs vertus. Après
la bénédiction du monument, tous les habitants se rendent au
cimetière et les drapeaux s’inclinent devant chaque tombe. Dès
14 heures, les musiques de Croisilles et de Biache-Saint-Vaast et les 33
sociétés de combattants des villages voisins, drapeaux et clairons
en tête, arrivent dans le village et sont reçus par la municipalité
et le comité d’érection du monument. Des vins d’honneur leur
sont servis. Le cortège se forme ensuite dans la rue d’Hendecourt.
Les enfants du village en prennent la tête et la fanfare de Biache-Saint-Vaast
ouvre la marche, suivie des autorités. M. Bertin-Ledoux, secrétaire
général de la préfecture du Pas-de-Calais, entouré
de la municipalité, M. Decaudin Paul, président des anciens
combattants et du comité d’organisation, M. Marc Scailliéretz,
délégué de l’union départementale des anciens
combattants.
M. Evrard, conseiller général, M. Sylvain, conseiller d’arrondissement,
M. le capitaine Vasseur et MM. les maires des communes environnantes. Après
avoir parcouru toutes les rues de la localité, les sociétés
se rangent face au monument auquel les drapeaux font une garde d’honneur.
Avant de commencer la série des discours, un enfant récite
une poésie patriotique, les élèves des écoles
chantent très purement le Pro Patria et nous arrivons au discours.
C’est d’abord le salut des conscrits de la classe 1924 à leurs
aînés, à ceux qui leur ont tracé le chemin pendant
la Grande Guerre. Le jeune Delannoy Loréal au nom de ses camarades,
s’acquitte parfaitement de cette tâche et d’unanimes applaudissements
accueillent ses paroles.
Le dévoué président de l’union des anciens combattants
de Vis-en-Artois, M. Paul Décaudin, président du comité
d’organisation, remet alors le monument à la municipalité.
En termes élevés, il remercie tous ceux qui ont apporté
leur concours à cette œuvre de reconnaissance, il glorifie le poilu
et son rôle durant les hostilités. Puis, le voile qui recouvrait
le monument tombe et l’orateur termine en faisant l’appel des 31 soldats
de Vis-en-Artois morts au champ d’honneur.
Des gerbes de fleurs sont déposées sur le socle, une fillette
présente gentiment un bouquet au président du comité
d’organisation.
M. Drancourt, maire de la commune, accepte au nom de la municipalité
le dépôt qu’on veut bien lui confier. Il a un mot aimable pour
les organisateurs, un merci cordial à tous. M. Marc Scaillierez, au
nom du comité départemental de l’UNC, glorifie le rôle
de nos héros. « Ils ont gagné la guerre par leurs vertus,
ils ont préparé la paix, qu’on ne les oublie jamais, qu’on
n’oublie jamais les enseignements qu’ils nous ont donnés ! ».
M. Evrard, conseiller général du canton de Vitry, célèbre
l’héroïsme des enfants de Vis-en-Artois pendant la guerre ; il
exalte les qualités de la population civile pendant l’occupation,
son courage à relever son village de ses ruines.
M. le capitaine Vasseur dit le bonheur qu’il a de se trouver parmi ses
anciens frères d’armes. Il exalte le courage des enfants de Vis-en-Artois,
qui, dès septembre 1914 sur les rives de l’Yser, se montraient déjà
les fiers artisans de la victoire et forçaient l’admiration de tous
ceux qui les voyaient à l’œuvre. Il fait confiance en face des manifestations
revanchardes des Allemands, au sang-froid et à l’union des Français.
Enfin, M. Bertin-Ledoux, secrétaire général de la
préfecture du Pas-de-Calais, clôt la série des discours.
En des termes éloquents et d’une parfaite ordonnance, il rappelle les
souffrances de la population de Vis-en-Artois, son dénuement sous le
joug des Allemands, sa misère après l’armistice. Il dit la
magnifique conduite de ses soldats et la façon dont ils allèrent
au sacrifice et à la gloire. « Que ces leçons ne soient
pas perdues ! »
La Marseillaise est exécutée. Les
drapeaux s’inclinent, les clairons sonnent Aux Champs, toutes les
têtes se découvrent, la cérémonie officielle est
terminée.
La société de gymnastique de Biache-Saint-Vaast exécute
ensuite quelques mouvements d’ensemble très appréciés
par l’assistance et les fanfares font entendre quelques beaux morceaux de
circonstance.
Il convient de féliciter les organisateurs et plus particulièrement
M. Paul Décaudin qui s’est dépensé sans compter pour
assurer la réussite de cette belle manifestation.
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