Les monuments commémoratifs
ont trouvé leur place depuis quelques années au sein de
la recherche historique grâce notamment au travaux d'Antoine Prost
(Les anciens combattants et la société française (1914-1939),
thèse publiéeen 1977 aux presses de la fondation nationale
des sciences politiques) et d'Annette Becker (Les monuments aux morts, publié
en 1988 chez Errance). Les monuments du Pas-de-Calais ont été
étudiés avec beaucoup de talent par Bénédicte
Grailles (auteur d'une thèse, soutenue en 2000 à l'université
de Lille III, De la défaite à l'Union sacrée ou les
chemins du consentement. Hommage public et commémorations
de 1870 à 1914. L'exemple du Nord de la France ; B. Grailles est également
l'auteur de Mémoires de pierre. Les monuments aux morts de la première
guerre mondiale dans le Pas-de-Calais, paru aux Archives départementales
du Pas-de-Calais en 1992). Ce bref rappel de l'historiographie relative
aux monuments commémoratifs est surtout pour moi l'occasion de rendre
hommage au travail de B. Grailles qui a inspiré les méthodes
utilisées pour la création du site Mémoires de pierre.
Les informations sont présentées
par commune. Pour chacune d'elles est dressé un historique du monument
aux morts (à chaque fois que des sources fiables ont pu être
exploitées) : localisation, conflits commémorés, date
d'inauguration, architecte et marbrier, texte de l'épitaphe, description
du monument, matériaux utilisés pour sa construction, coût
et mode de financement. Cette fiche technique s'accompagne d'une photographie.
Le site propose assez peu de photographies pour le moment (une centaine),
mais il est proposé aux visiteurs d'apporter leur contribution
et d'envoyer une photographie du (des) monument(s) de leur commune (voir
plus haut).
Les fiches relatives aux monuments aux morts
sont également accompagnées de la liste des victimes inscrite
sur les monuments. Cela permet de rappeler la mémoire des victimes
civiles et militaires. Cette liste peut permettre aux généalogistes
d'y trouver une piste de recherche ; aux enfants d'une école de
faire le rapprochement entre les noms inscrits et les noms de famille du
village et de mener une réflexion sur l'ampleur de la tragédie
vécue par une population ; cela permettra également peut-être
un jour de pouvoir réinscrire ces listes qui s'effacent avec le temps
et dont certaines ne sont d'ores et déjà plus visibles.
Enfin, les autres lieux de mémoires des
communes du département sont recensés, qu'il s'agisse de
plaques commémoratives, de stèles, vitraux du souvenir, de
certains vestiges de guerre, ou encore de cimetières ou carrés
militaires. Là encore, à chaque fois que cela a été
possible, il est proposé une présentation détaillée
de ces lieux de mémoires.
Le site Mémoires de pierre
a pour ambition de sensibiliser les habitants de notre département
à ces monuments et lieux de mémoire qui ont créés
dès l'instant de leur inauguration un lieu de sociabilité
chargé à la fois d'un caractère sacré et d'un
rôle de liaison entre les générations, organisés
alors autour de rites bien définis. A l'heure où les rangs
des anciens combattants, résistants et déportés deviennent
de plus en plus clairsemés sous l'action du temps, il n'est sans
doute pas inutile de s'interroger sur la manière d'appréhender
le message de ces témoignages de pierre, et sur le lien qu'il est
nécessaire de conserver entre eux et nous.
Le site Mémoires de pierre permet également
de rendre hommage aux créateurs de ces monuments. Si ces derniers
sont la plupart du temps des oeuvres standardisées tirées
de catalogues de grandes marbreries, il n'en reste pas moins que de nombreux
monuments sont des oeuvres artistiques originales témoignant de
la réflexion d'une société sur son passé douloureux.
Artistes locaux et nationaux y ont trouvé matière à
inspiration et notre département compte quelques exemples remarquables
de sculptures en ronde bosse et bas-relief.
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